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Le branché et le sapeur des années 80

Par Richard Le Menn

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Il est souvent question dans ce blog des mouvements de mode français : ce que j'appelle la petite maîtrise de l'élégance. Jusqu'à présent je me suis arrêté aux existentialistes des années cinquante. Il est vrai que l'après guerre change énormément la donne : et le débarquement américain est aussi celui d'une culture de masse. Finis les tailleurs et les couturiers pour les profits du prêt-à-porter. Les années soixante qui prônent un retour à la liberté avec les hippies sont rattrapées par les débuts d'une crise qui n'est toujours pas finie en Occident aujourd'hui et qui s'exprime dans la jeunesse par le no-future punk dans les années soixante-dix.

Durant les années quatre-vingt, l'inspiration continue à venir d'Angleterre avec quelques esthètes libertaires anglais comme Malcolm McLaren et d'Amérique avec le hip-hop. En France, cela se passe un peu dans la Haute couture, dans les boîtes de nuit /concerts parisiennes de Les Bains-douches et du Palace (ajouter le Gibus, plus rock-and-roll et moins 'bourgeois'), dans le mouvement « sono mondiale » avec Jean-François Bizot à Bastille, la musique latino du Balajo rue de Lappe, les sapeurs (SAPE = Société des ambianceurs et des personnes élégantes) au nord de Paris (surtout dans les 2ème, 10ème, 11 ème et 18ème arrondissements), les rappeurs chantant en français en banlieue, etc.

Le président de la République de l'époque (François Mitterrand) utilise le mot de « branché » à la télévision afin de montrer qu'il est dans le coup, et Jacques Lang lance le concept de la soupe culturelle néo baba subventionnée, qui sonne la fin des branchés.

Mais qu'est-ce qu'en fait un branché ? C'est un new-wave à la française, qui exprime son no-future post-punk non pas seulement en jouant sur le second degré en s'habillant en col-blanc et en dansant comme une machine, mais surtout en étant toujours au fait des dernières nouveautés afin de s'y délecter et de jouir de ce sentiment de liberté que suscitent les avant-gardes. Les branchés peuvent donc être classés dans cette lignée des petits maîtres telle qu'elle est établie dans ce blog et résumée ici


Photographie : Première de couverture de la bande-dessinée intitulée La Fin des Branchés de Jean Rouzaud (1983) présentant la pérégrination d'un branché dans la première moitié des années quatre-vingt.


Durant les années quatre-vingt, les sapeurs occupent une place importante dans la petite-maîtrise de la vie parisienne. Si certains se fondent dans la 'sono mondiale', la plupart restent en parallèle de celle-ci avec leurs soirées, concours, lieux …

En ce moment à Paris, jusqu'au 11 juillet 2010 au Musée Dapper (35 bis, rue Paul Valéry ; 75016 Paris), tout un pan de l'exposition 'L'Art d'être un homme' fait la part belle à 'L'Univers de la Sape' : www.dapper.com.fr. « Des photos d'artistes mises en espace témoignent de la vitalité de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes, dont l'acronyme « Sape » désigne un art de se vêtir à l'occidentale initié par des Africains fort inventifs. Une célébration visuelle qui documente en finesse ce mouvement vestimentaire né dans les métropoles congolaises, notamment Brazzaville et Kinshasa. » Je ne suis pas encore allé voir cette exposition mais les deux photographies libres de droit du musée sont intéressantes.


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Photographies : Visuels sur l'exposition "L'univers de la SAPE" toutes deux prises à Brazzaville au Congo. La première (quartier de Bacongo) est l'oeuvre d'Héctor Mediavilla et date du 18 décembre 2005. La seconde s'intitule 'La Sape' ; est de Baudouin Mouanda, et semble de 2008.  © Héctor Mediavilla / Pandora / Picturetank. © Photo Baudouin Mouanda, 2008.

A noter en particulier les couleurs, les cravates : et la façon particulièrement originale dont est nouée la violette … dans un pur style créatif ! Pour les sapeurs, Paris est la capitale de la SAPE. Il est indubitable qu'ils font partie de la lignée des petits maîtres de l'élégance française telle que redécouverte dans ce blog.


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