Jacques Lassonde, un citoyen ordinaire, mais créatif, a proposé d’équiper les salles d’attente des hôpitaux et des CLSC de webcam pour faciliter la vie des patients. En installant une webcam branchée en permanence sur le cadran indiquant le numéro du dernier patient servi, il deviendrait possible de le consulter via internet. Ainsi, les patients pourraient retourner chez eux pour attendre leur tour. Cela permettrait de décongestionner les salles d’attente, lieu éminemment propice à la transmission de maladies infectieuses et à l’exaspération des utilisateurs.
Quelle merveilleuse idée! Pourquoi n’a-t-on pas pensé à cela avant?
Wow, wow, on se calme (avertissement à moi-même), un hôpital ce n’est pas un établissement privé où l'on améliore le service pour se différencier et attirer la clientèle. Un établissement public c’est une créature du complexe politico-bureaucratico-syndicalo québécois soumis à des règles précises d’égalité et d’inefficacité. Il n’est pas question de faire n’importe quoi à la va-comme-je-te-pousse.
Il faut d’abord proposer un projet aux instances locales qui, s’ils le jugent à propos, le soumettront aux instances supérieures et ainsi de suite jusqu’au ministre. Si c’est une bonne idée, le ministre en prendra tout le crédit. Par contre, si c’est une mauvaise idée, il faut éviter de l’embarrasser.
Du point de vue du complexe politico-bureaucratico-syndicalo québécois il est loin d’être évident que cette suggestion naïve soit une bonne idée.
Ce n’est pas tout le monde qui a accès à internet. Va-t-on créer des salles d’attente à deux vitesses? Les riches qui vont attendre dans le confort de leur foyer et les pauvres qui vont poireauter dans des salles d’attente insalubres? Cela remettrait en question le modèle québécois, selon lequel tout le monde doit souffrir également. C’est une valeur de société qu’il faut protéger à tout prix.
Certains pourraient s’amuser à mesurer le rythme de traitement des patients dans les nombreuses salles d’attente des établissements de la santé. Les moins efficaces seraient pointées du doigt dans les médias. Tout projet susceptible d’identifier les inefficacités de notre merveilleux système de santé public est suspect aux yeux des syndicats, des bureaucrates et des politiciens. Il faut protéger ce beau consensus.
Il faut aussi prévoir que cela ouvrirait la porte à la corruption du personnel. Des petits futés pourraient soudoyer des membres du personnel pour qu’ils prennent un numéro à leur place pour le leur remettre au moment où ils se présenteraient à l’urgence. Cela représente une source de stress additionnelle. Le syndicat exigera plus de congé à titre de compensation.
On voit bien que du point de vue du complexe politico-bureaucratico-syndicalo ce projet pourrait entraîner des conséquences fort fâcheuses.
Il faut donc faire une étude d’impact exhaustive avant de se lancer tête baissée dans une telle aventure. Soumissions, analyses, débats, …. après, on verra.
Conclusion : le complexe politico-bureaucratico-syndicalo va dépenser des millions pour ne pas agir, alors que d’équiper l’ensemble des établissements de la santé de webcam coûterait au plus quelques dizaines de milliers $.
Après, on se demande pourquoi le système de santé ne s’améliore pas.
(Le système d’éducation est aussi soumis aux idioties du complexe politico-bureaucratico-syndicalo.)