Je ne
voudrais pas froisser certains esprits mais, le temps des infirmières à
cornette soumises au grand docteur est bel et bien révolu!
D'où émerge notre
profession ?
Du Moyen Age messieurs
dames !!!
Le premier ordre religieux
exclusivement soignant fût celui des Augustines de l'Hôtel Dieu. A cette époque
les soins – qui n'étaient que des soins du corps et des actes de la vie
quotidienne- n'étaient prodigués EXCLUSIVEMENT par des femmes car selon les us
et coutumes de l'époque, ils relevaient uniquement de la compétence féminine.
Le terme
d' »Infirmière » ne fait son apparition qu'en 1398, l'adjectif
« infirme » étant quant à lui apparu bien plus tôt vers 1288.
En 1633, Saint Vincent de Paul se
rend compte que l'acte de charité ne suffit plus et que les soins requièrent
une certaine compétence et une forme d'organisation. Il créé dès lors la
compagnie des Filles de la Charité dite « Sœurs de Saint Vincent de
Paul ». Ces jeunes filles sont recrutées selon des critères d'ordre moral
à savoir : « Jeune fille de moins de 28 ans, jouissant d'une
réputation irréprochable et d'une santé robuste, issue d'une famille
respectable et n'ayant jamais occupé un emploi servile »
L'acte de soigner est totalement
BENEVOLE, il procède de la rédemption !
En 1789, la Révolution Française
modifie le statut des hôpitaux : il devient laïc et nationalisé.
Les infirmières perçoivent leur
premier salaire…une misère pour des heures de travail longues et
épuisantes ! Le célibat leur est IMPOSE. L'infirmière n'a AUCUNE vie
personnelle et de détente
Soucieux de l'instruction des
infirmières, Saint Vincent de Paul est le premier à penser à préparer ces
filles sans instruction et ébauche la formation professionnelle. Il est suivi
du Pasteur Antoine Verneuil qui organise des cours et des stages pratiques dès
1842.
Mais ce n'est qu'en 1878, le 20
mai plus exactement, que deux écoles de formation infirmière ouvrent leurs
portes : il s'agit de la Salpêtrière et de Bicêtre. L'enseignement dure 1
an et se reparti en 7 cours théoriques (administration, comptabilité
hospitalière, anatomie, physiologie, pansements et petite chirurgie, hygiène,
soins aux femmes en couche, aux nouveaux nés, cours sur les crèches,
pharmacie). L'enseignement pratique se fait auprès des malades avec une
« maîtresse de l'enseignement pratique » choisie parmi le personnel.
Le premier diplôme d'infirmière
apparaît en 1883 : il est un diplôme d'école acquis par l'assiduité aux
cours et après avoir obtenu la moyenne à l'une des 2 ou 3 compositions
obligatoires sur chacun des cours dispensés.
En 1864, La croix Rouge
s'organise elle aussi pour assurer la formation. Les médecins hospitaliers
prennent en charge l'enseignement et les écoles des Peupliers et de La
Jonquière (1908 et 1909) connaissent leur première directrice.
En 1902, le Dr Anna Hamilton
présente une thèse en doctorat sur les soins infirmiers. Elle est nommée
directeur de la maison de santé protestante de Bordeaux et ouvre la célèbre
école Florence Nightingale de Bagatelle.
Après la Première Guerre
Mondiale, l'action sanitaire se modifie et la fonction infirmière s'affirme. La
formation devient plus adaptée, plus en rapport avec les besoins de santé de la
société Française. La Croix Rouge introduit la diététique et les maladies
infectieuses dans son programme de formation.
En 1920, le rôle infirmier se
définie ainsi : « Le rôle de l'infirmière hospitalière est de
servir le malade en veillant constamment sur lui et tout ce qui l'entoure, et
principalement en secondant assidûment et docilement le médecin…Son rôle
auprès des malades est celui d'une sœur ou d'une mère »
Le premier décret de compétence
fait son apparition le 27 juin 1922 puis est
publié au journal officiel le 1er juillet de la même année.
Il donne à la profession une véritable reconnaissance à travers un diplôme
national : le brevet de capacité d'infirmière professionnelle permet de
porter le titre d'infirmière diplômée de l'Etat Français.
Dès 1924, la formation a lieue
sur 22 mois. 43 écoles reçoivent un agrément.
Après de multiples écrits et la création
d'associations infirmières, la Loi du 8 avril 1946 donne une nouvelle
définition de la profession : « Est considérée comme exerçant la
profession d'infirmière ou d'infirmier toute personne qui donne
habituellement, soit à domicile, soit dans les services publiques ou privés
d'hospitalisation ou de consultation, des soins prescrits ou conseillées
par un médecin »
Puis l'arrêté du 17 juillet 1961 situe les infirmières en tant que
personnes qui assurent « la responsabilité des soins d'hygiène
et de confort […] Elles ont en outre à
effectuer avec technicité précise les soins et examens parfois complexes
nécessités par l'état du malade ». C'est le début de l'image de
l'infirmière technicienne !
L'infirmière doit « comprendre
la valeur et les raisons de ses gestes […], participer intelligemment à la surveillance du malade pour dépister des
complication […] décider d'effectuer certains soins d'urgence avant l'arrivé du
médecin »
On relève la notion de
collaboration et d'aptitude à décider : c'est, pour la première fois, une reconnaissance
de compétence. C'est aussi l'amorce d'une certaine autonomie.
En 1972, soit une décennie plus
tard, le programme de formation inclus la connaissance de l'être humain et
présente les soins infirmiers sur le plan psychologique, éducatif et technique.
Cela annonce l'arrivée de la nouvelle définition de l'infirmière selon la loi
du 31 mai 1978 : « Est considérée comme exerçant la profession
d'infirmière ou d'infirmier toute personne qui, en fonction des diplômes qui
l'y habilitent, donne habituellement des soins infirmiers sur prescription
médicale ou conseil médical, ou bien en application du rôle propre qui
lui est dévolu. En outre, l'infirmière participe à différentes actions
notamment en matière de prévention, d'éducation de la santé et de formation ou
d'encadrement »
Suivent ensuite les décrets du 17
juillet 1984, puis du 15 mars 1993 (que j'ai connu pendant mes études) et enfin
du 11 février 2002. Dans ce derniers, les soins infirmiers sont définis sur la
base de la qualité et dans le respect des droits de la personne, faisant
référence à la « Chartre du patient hospitalisé » et la
« Chartre des droits et libertés de la personne âgée dépendante »
Alors,
doit-on encore se plier aux exigences personnelles de Monsieur le Docteur ?
Perso,
suis pas là pour ranger les dossiers laissés en plan sur le bureau infirmier,
ni pour décrocher les radios laissées sécher sur le négatoscope, ni pour aller
faire des photocopies pour le Dr…et j'en passe et j'en passe ! Quand
quelque chose ne me plait pas, je le dit ! Aussi, il m'est arrivée de
gentiment dire au Dr qu'il savait aussi bien se servir de la photocopieuse que
moi, ou encore que les radios, c'est comme le linge, on les étend sur le négato
puis on les détend !
Généralement,
ça passe bien…
Au
boulot, j'ai juste ma tunique-pantalon et mes sabots mais pas les cornettes de
bonne sœur soumise !!
Source : Le métier d'infirmière en France - Catherine Duboys Fresney / Georgette Perrin