Il ne s’agit pas d’une blague au goût douteux comme nous avons l’habitude d’en gratifier nos amis Belges. Aujourd’hui, à notre frontière, au cœur de l’Europe, la petite Belgique qui a vu le jour en 1830 et dont la capitale est également celle de l’Union européenne, semble inéluctablement vouée à l’éclatement.
Les raisons sont multiples mais on retiendra surtout l’érosion d’une volonté de vivre ensemble entre deux communautés dont les destins économiques se sont inversés au fil des ans. Une histoire de riches devenus pauvres, les Wallons, et de l’autre de pauvres, les Flamands, devenus riches. Ce déchirement, cette haine montante est commune à l’ensemble du vieux continent qui, oubliant le chaos dans lequel il était plongé il y a quelques décennies, a perdu le sens de l’autre, le sens de la solidarité. Allemands contre Grecs, Italiens du Nord contre ceux du Sud, et même ici en France salariés contre assistés, actifs contre inactifs, la dérive est partout.
« Que la Belgique crève ! », clamaient à l’extérieur du parlement Belge un groupe de jeunes nationalistes flamands au moment ou tombait le gouvernement le gouvernement, dirigé par Yves Leterme. L’affaire dépasse largement le royaume d’Albert II. Elle intéresse une Europe château de cartes qui doit redouter les effets de jeu de dominos. L’Europe peut-elle rester impassible ? En arriverons-nous à une situation similaire qui s’était traduite par la partition de l’Inde et du Pakistan ou l’apartheid en Afrique du Sud ? On voit bien là que c’est le sentiment de citoyenneté européenne qui fait défaut.
A quoi sert de constituer un service européen pour l’action extérieure (SEAE), un corps diplomatique de l’UE si, au cœur de ses frontières, des citoyens de l’UE refusent de vivre sous un premier toit commun ? Clin d’œil du calendrier ou signe du destin, le plat pays doit assurer dans deux mois la présidence semestrielle tournante de l’Union.
Sans aller à dire qu’il faut voir là un bégaiement de l’histoire, le cocktail de crise économique et de montée du populisme et de la xénophobie dans ce qui fût, il y a une éternité, l’Europe des Lumières, interpelle.
Sans sombrer dans le manichéisme, les propos d’Olivier Maingain , député libéral en pointe sur la défense des francophones offrent un éclairage intéressant à tous ceux qui ont du mal à comprendre une telle situation :”C’est une crise politique sérieuse. On est dans un pays qui n’arrive pas à surmonter les écueils institutionnels parce qu’il y a deux logiques qui s’affrontent : l’une, très nationaliste, de repli identitaire au nord du pays, l’autre de tradition plus européenne du côté francophone, qui n’accepte pas que l’on brade des droits élémentaires, où l’on va jusqu’à interdire aux non-néerlandophones d’acheter des biens immobiliers“.
Quand les flamands réclament une autonomie régionale de plus en plus poussée, voire l’indépendance pour les plus radicaux, il convient de s’interroger sur l’architecture institutionnelle de l’UE et la place qu’elle réserve respectivement aux Etats et aux Régions avec lesquelles elle tente de tisser des liens directs.
Il serait suicidaire que l’UE gère cette crise politique avec la même passivité que celle qui prévaut au plan économique. Au-delà de la Belgique, c’est toute l’UE qui risque de voler en éclats face à une dégradation de la situation monétaire dans la zone euro.
Il n’y a pas de fatalité à l’impuissance de l’UE. Le temps est aujourd’hui à la mise en place de mécanismes de solidarité et de coordination des politiques économiques. Se résoudre au statu quo équivaut à entériner le délitement de l’Union.
L’enquête d’opinion européenne réalisée par la Fondapol sur la crise grecque, et plus largement sur la crise des finances publiques au sein de l’Union, révèle la cohabitation de deux visions de l’Europe. Dominique Reynié en a livré les clés au site Touteleurope.fr.
Il estime “que coexiste une Europe qui souhaite un système providentiel et redistributif, qui est peut-être aujourd’hui l’Europe fragile et en difficulté, on le voit avec l’Italie, l’Espagne, mais également la France avec une autre Europe, avec à sa tête l’Allemagne, qui imagine une Europe capable de faire jouer des mécanismes de solidarité mais à la condition que des efforts nationaux aient déjà été actés et consentis auparavant“.
Interrogé sur le risque de repli des Etats sur eux-mêmes du fait de la crise de l’euro, Dominique Reynié avance des arguments qui offrent une clé de lecture à la situation belge : ” Les nations européennes n’ont pas d’avenir en dehors de l’Union. Les pays le savent, les gouvernements le savent aussi. En revanche ce qu’il peut se passer c’est que l’Europe se fragmente en sous-groupes de pays qui vont se reconnaître mutuellement comme respectant le même type de règles”.
Jacques Delors, qui incarne à sa façon les belles années de l’UE, expliquait dernièrement dans les colonnes de Paris-Match pourquoi les Vingt-Sept traversent une crise de confiance : “Face à la mondialisation qui les frappe, les gouvernements ont la faiblesse de ne pas expliquer aux citoyens les mutations du monde. Certains se laissent aller au populisme, d’autres au nationalisme rampant. Résultat, les Européens ne parviennent plus à transcender leurs différences pour aboutir à une action claire, cohérente et rigoureuse. C’est une crise de la construction européenne”.
Démission du Premier ministre belge
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L’Union européenne résistera-t-elle à la crise grecque ?
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