Avis de dépaysement dans les Alpes de Haute Provence. Je vais vous raconter une rencontre à La Fare 1789, près de Forcalquier, où la pierre sèche côtoie les oliviers et le cade. Le soleil de printemps chauffe la terrasse, la grande salle à manger est fraîche. Sans appareil photo pour capter les couleurs de cette journée mais un Moleskine sous la main, je fais la connaissance de Laurent Baussan, fondateur de La Clarée, marque de cosmétique biologique et bien plus.
Parcours. Laurent Baussan est tombé dans les cosmétiques quand il était petit avec L’Occitane et a exploré le processus de saponification à Dakar et à Cap Vert. Il a été à l’origine d’une gamme cosmétique biologique en 2004 dont le partenariat et la formulation avec Ecocert se sont révélés compliqués. La Clarée est donc arrivée en 2007 répondant à plusieurs objectifs :
- Développer une gamme de produits biologiques 3 à 9 fois au-dessus des normes Ecocert.
- Valoriser un déchet, la feuille d’olivier.
- Travailler en synergie avec des producteurs et des laboratoires locaux.
En un mot, chercher à faire un produit très bio, à la fois éthique et solidaire, mais aussi une gamme technique avec des principes actifs et un bénéfice produit reconnu par les centres de soins et d’esthétique.
Démarche de développement durable. La Clarée est une vallée de Haute Provence protégée depuis les années 1950 où la faune et la flore sont préservées. L’utilisation de ce nom pour une marque de cosmétiques vient conforter l’idée d’une entreprise qui prend en compte l’environnement et les territoires. En effet, les laboratoires se fournissent généralement en feuilles d’olivier d’Espagne ou de Turquie. Le choix de La Clarée, c’est de faire appel à Pierre Grimat, oléïculteur aux Mées pour les fagots d’oliviers, à un Centre d’Aide par le Travail (CAT) de la région de Manosque pour effeuiller les rameaux, au laboratoire ieS d’Oraison pour l’extraction et au laboratoire Novabio aux Pennes Mirabeau pour la formulation.
Laurent Baussan insiste, au centre de cette démarche, sur la certification Carbone Tolérance, un label favorisant la réduction de dégagement de carbone et le développement économique local et durable. En pratique, il y a peu d’ingrédients indispensables à la fabrication de produits cosmétiques qui ne se trouvent pas en France. Mis à part l’aloe vera du Mexique et le karité du Mali et du Burkina Faso, les opportunités existent de sourcer l’olivier, l’onagre et l’églantier, entre autres végétaux, dans nos contrées. La production biologique ne va donc pas sans solidarité et développement des territoires.
Communication et greenwashing. Quand j’indique à Laurent Baussan l’affiche de la dernière campagne Nivea Crème, il ne se montre pas perplexe devant le “Sans paraben” mais plutôt devant le “Sans conservateur” et la baseline “Du soin depuis toujours, et rien d’autre”. Il note la confusion possible entre “Sans paraben” et “depuis toujours”. Néanmoins, le virage des grandes marques a l’avantage de montrer l’exemple. Les gammes développées par les groupes industriels sur le segment naturel et bio sont un compromis entre les vrais attentes des consommateurs et l’optimisation des marges, privilégiant le discours marketing enrobant le produit.
Le message et le storytelling de La Clarée semble à l’opposé de l’utopie et de l’idéalisme. Il s’agit plutôt d’une démarche d’entrepreneuriat, en témoigne le mécénat auprès de l’association Beauté du Coeur, dont la visée est l’accès au bien être et le retour à la confiance en soi de personnes exclues socialement. Des séances de maquillage et de coiffure sont proposées avec le soutien de La Clarée, de 2B et du laboratoire Novabio (plus sur l’action de Beauté du Coeur sur (dé)maquillages). Le bio est bien la première étape d’une démarche globale.
La parenthèse dépaysante se ferme ici pour le moment, merci Laurent et Ketty et à bientôt pour SAVE…