Laura Kasischke n’écrit pas que des romans extraordinaires, elle est surtout poètesse.
Elle écrit des poèmes comme celui-ci, passant du domaine domestique à la peur pure, au fantasme et aux traumatismes enfantins :
Kitchen Song
The white bowls in the orderly
cupboards filled with nothing.
The sound
of applause in running water.
All those who’ve drowned in oceans, all
who’ve drowned in pools, in ponds, the small
family together in the car hit head on. The pantry
full of lilies, the lobsters scratching to get out of the pot, and God
being pulled across the heavens
in a burning car.
The recipes
like confessions.
The confessions like songs.
The sun. The bomb. The white
bowls in the orderly
cupboards filled with blood. I wanted
something simple, and domestic. A kitchen song.
They were just driving along. Dad
turned the radio off, and Mom
turned it back on.
Laura Kasischke
Tentative de traduction :
Chanson de la cuisine
Les bols blancs bien rangés
placards remplis de rien.
Le son d’applaudissement dans l’eau du robinet.
Tous ceux qui se sont noyés dans les océans, tous
ceux qui se sont noyés dans les piscines, les étangs, la petite
famille réunie dans la voiture heurtée de front. Le garde-manger
plein de lys, les homards grattant pour sortir de la marmite, et Dieu
tiré dans les cieux
dans une voiture en flammes.
Les recettes
comme des confessions.
Les confessions comme des chansons.
Le soleil. La bombe. Les bols blancs
bien rangés
placards remplis de sang. Je voulais
Quelque chose de simple, et de domestique. Une chanson de cuisine.
Ils étaient en train d’arriver en voiture. Papa
a éteint la radio, et Maman
l’a rallumée.
Peinture de John Register.