Imaginez un monde « inversé » où tous nos principes de fonctionnement et de management seraient le contraire de ce que nous connaissons… Dans ce monde, les tuteurs ne seraient plus les seniors mais…les jeunes. Quelles capacités, talents pourraient-ils bien transmettre à leurs ainés ?
La liste serait longue mais voici quelques talents liés à la culture Y :
L’Ecologie
Respecter son environnement et se respecter soi-même. Prendre soin de soi pour mieux vivre avec les autres. Parce qu’ils ont vu leurs ainés étouffés par le respect d’injonctions sociales contraignantes (sois fort, sois parfait, fais des efforts, fais plaisir !), aveuglés par l’appât du gain et du succès, ils ont compris que le plus important n’était pas d’avoir, mais d’être. Ils apprendraient à leurs aînés
à se recentrer sur eux, satisfaire leurs besoins, que cela n’a rien d’égoïste, bien au contraire. Ils les aideraient à trouver les conditions d’une vie harmonieuse au sein de laquelle ils se sentiraient plus légers, plus épanouis et, de fait, plus performants !
Le réseau
Composer et compter avec les autres, développer et maintenir un réseau, faire partie d’une communauté pour partager, apprendre et se nourrir des autres. Parce qu’ils savent que la loyauté ne protège plus du licenciement, parce qu’ils voient que le système de protection sociale devient trop limité, ils leur apprendraient à trouver le soutien dont ils ont besoin à travers une communauté. Ils leur apprendraient à s’entourer de personnes qui exercent le même métier, partagent les mêmes passions, les inviteraient à participer à des groupes pour débattre, échanger de l’information et bénéficier du vécu et de l’expérience des autres, en complément des pratiques qu’ils connaissent au sein de leur entreprise.
Le positivisme
Voir le verre à moitié plein. Conserver son enthousiasme quelles que soient les difficultés. Considérer chaque échec, chaque rupture comme une opportunité de progrès pour soi. Parce qu’ils ont grandit au milieu des divorces, du chômage, du sida, des catastrophes écologiques, ils ont appris à rebondir et s’adapter à ce monde, à profiter du jour présent. Ils leur diraient que chacun est responsable de sa vie, que reprocher son mal être aux autres ne sert à rien. Ils leur apprendraient à mieux comprendre le monde qui les entoure, à prendre du recul pour en tirer les enseignements, explorer et acquérir de nouvelles capacités.
L’assertivité
Affirmer ses besoins dans le respect de l’autre et de la relation. Ils les ont entendus, leurs parents, critiquer leurs patrons, se plaindre de ne pas être entendus, reconnus. Ils ont vu nombre de frustrations, de peurs de ne pas oser s’exprimer. Parce qu’ils savent que la hiérarchie n’a pas toujours raison, que les divergences sont bénéfiques, qu’il est important d’exprimer ses besoins, ils leurs apprendraient à dire non respectueusement, à formuler des critiques positivement, qu’en agissant comme cela on gagne en confort de vie et qu’on n’altère pas pour autant la relation.
L’empathie
Se mettre à la place de l’autre afin d’accéder à sa vision des choses, ses ressentis, son système de pensée, pour mieux le comprendre et collaborer. Parce qu’ils ont vu les anciens s’enfermer dans la pensée unique, rejeter les différences, juger ceux qui n’étaient pas ou ne faisaient pas « comme il faut », ils ont compris à quel point cela était un frein à la relation et la collaboration. Ils leur montreraient tout le bénéfice qu’ils auraient à accéder à d’autres façons de penser, de se comporter, à se nourrir des différences, parce que le monde est multidimensionnel, interculturel et que la diversité est source d’enrichissement personnel et professionnel.
Ce qui est naturel pour cette génération ne l’est pas forcément pour les générations précédentes qui, elles, doivent désapprendre pour réapprendre de nouveaux modes de pensée, de comportements, de sentiments, sortir des paramétrages qu’ils ont reçus enfants, afin de s’adapter au monde tel qu’il est aujourd’hui et sera demain.
Notre propos ne consiste pas à vanter les talents de la culture Y car les autres cultures générationnelles en ont tout autant, différents, complémentaires. Il consiste simplement à « malmener » la tradition de l’exclusivité de l’apprentissage des ainés vers les plus jeunes parce que, s’il est évident que chaque génération à apprendre l’une de l’autre dans bien des domaines.