C’est tous les jours comme ça

Publié le 23 avril 2010 par Caroline

J’avais eu l’occasion de proposer en avant première des nouvelles de Pierre Autin-Grenier, ici, , ou encore , des nouvelles qui devaient constituer un recueil intitulé C’est tous les jours comme ça. Voici enfin, ce recueil dans les meilleures librairies ! Il vient d’être édité par les excellentes éditions FINITUDE.Des nouvelles, il y en a pas loin de cinquante rassemblées dans ce beau petit livre. En effet, il a un format qui permet de l’emporter partout, en le glissant dans la poche de son pardessus ou dans son sac à main et de temps en temps piocher au hasard la lecture d’une des nouvelles en attendant le bus ou en s’en grillant une pendant la pause entre deux cours.

Par exemple, j’ouvre au hasard et tombe sur celle qui s’intitule Porte-à-porte; elle commence ainsi :

Le petit vendeur d’orgasme au porte-à-porte est tombé sur un bec ce matin : l’ancienne nonne du rez-de-chaussée depuis dix ans reconvertie dans la nymphomanie. En homme d’habitudes il met un point d’honneur à attaquer tôt sas journée et prend le plus souvent sa clientèle au saut du lit …

ou

Encore un de ces innombrables petits matins où, à peine un pied par terre, je me sens tout à fait comme un terrain vague sur lequel on peut trouver le pire comme le meilleur et, souvent, du vraiment surprenant. Rien d’élagué dans ma tête, les idées toujours baroques que trimballe la nuit s’y bousculent dans un inextricable fouillis, nulle limite aux sautes d’humeur les plus fantasques, aucune borne aux fantasmes les plus déroutants.

C’est une belle description de ce qui se passe dans la tête de l’auteur.
Et il y aussi celle qui commence ainsi :

Il s’était toujours flatté d’être quelqu’un de bien, qui traitaient les gens équitablement. Il ne cherchait ps à s’imposer, comme le martelait à chaque coin de phrase. Quand même je ne pouvais effacer le fait qu’il avait cru bon de supprimer sa propre femme pour une divergence de vues sur l’éducation religieuse à donner ou non à leur unique rejeton ; un seul coup de fer à friser en pleine figure avait suffi. Josyane était trépassée aux urgence, le fiston dans la foulée inscrit au catéchisme.

Je vous laisse découvrir la fin qui est assez réjouissante quand on a connu dans son entourage des « quelqu’un de bien ».
Certaines nouvelles parlent d’une époque où les libertés au sein de la cité ont rétréci comme peau de chagrin. Un pouvoir autoritaire règne. (ça vous rappelle quelque chose ?)

 » Police ! Police ! ça hurle. Quelle cavalcade dans mes escaliers jusqu’au troisième ! Tout l’étage est invsti en deux temps, trois mouvements par une trentaine de brutes de la brigade antiterroriste et leur chien renifleur qui croyez-moi, ne prennent pas de gants pour secouer les portes, faire sortir tout le monde sur le palier dans le fracas des serrures forcées (certains dans le plus simple appareil) et commencer aussitôt une fouille effrénée des appartements.

Une scène d’anticipation ?

C’est tous les jours comme ça

Pierre Autin-Grenier

2010

12 x 17 cm

160 pages

15 euros

isbn 978-2-912667-76-2