Google:suite

Publié le 22 avril 2010 par André C

La lettre ouverte lancée par une dizaine de commissaires à la vie privée contre Google signale peut-être le début d’une ère où les géants d’Internet auront davantage à justifier leurs méthodes de travail.

À LIRE ÉGALEMENT:Google blâmé pour non respect de la vie privée

C’est la réflexion que fait Michel Dumais, journaliste et blogueur spécialisé en technologie, deux jours après la publication de la lettre.

«L’heure de la récréation est terminée et maintenant, on place tout le monde dans le collimateur, incluant Google, dit M. Dumais. Ce n’était pas seulement l’initiative d’un commissaire mais bien de dix. Ils ont tous parlé d’une même voix.»

L’affaire Buzz

Dans la lettre, les commissaires à la vie privée du Canada, de la France, de l’Allemagne, des Pays-Bas, d’Israël et de cinq autres pays n’ont pas mâché leurs mots. «Nous avons été perturbés par votre récent lancement de l’application de réseautage social Google Buzz, qui a trahi un mépris décevant pour les normes et lois en matière de vie privée.»

Le service Buzz recueillait des informations privées du service de courrier électronique Gmail et convertissait des contacts de messagerie en contacts de réseautage, ou followers en anglais. Sans demander la permission des gens au préalable.

Le dur avertissement des commissaires intervient peu de temps après que Facebook eut donné plus de contrôle à ses utilisateurs afin de protéger leur vie privée. Les changements donnaient suite à une intervention de Jennifer Stoddart, commissaire à la vie privée au Canada.

Devenir imputable

Cela fait dire à Michel Dumais que les autorités sont plus que jamais aux aguets et que même un acteur difficile à bousculer sera scruté à la loupe. «On constate soudainement que les commissaires sont très préoccupés par l’utilisation que ces réseaux font des données personnelles et de la transparence des licences d’utilisation. Google dit souvent nous ne sommes pas méchants mais les commissaires lui ont plutôt rappelé de ne pas l’être dans les faits.

Concentration des données privées

Donc, malgré les apparences, les gouvernements comprennent les risques encourus par la population. «Google a l’air inoffensif, on y fait de la simple recherche. Au-delà de cela, tous nos intérêts peuvent y être regroupés. L’entreprise conserve tout, jusqu’à l’adresse IP.»

Laurent Maisonnave, président de l’agence de communication Ze Agence, a déjà dit sur son blogue que «l’ensemble de ces informations mis bout à bout donne un profil détaillé de notre vie. Entre de mauvaises mains, ces informations pourraient être utilisées à mauvais escient.»

Donc, selon lui, garder les entreprises sur le qui-vive n’est pas une mauvaise idée. «Je pense qu’il est bon de garder un œil sur Google pour lui faire comprendre que nous n’accepterons pas d’être manipulés. La récente position de Google en Chine [NDLR : concernant la censure de résultats de recherche] est justement un acte symbolique pour nous rassurer.»

Récidive de Google

Dans leur lettre, les commissaires dénoncent que le lancement de Buzz était une récidive de la part de Google en matière de vie privée. Ils estiment que les correctifs apportés afin de répondre aux plaintes ne règlent pas tout. «Nous demeurons extrêmement inquiets à l’idée qu’un produit qui vient avec autant de questions sur la vie privée ait été lancé en premier lieu. Nous nous serions attendu à ce qu’une entreprise de votre stature donne un meilleur exemple.»

Google est donc invitée à minimiser la masse d’informations recueillies auprès de ses clients et à créer des préférences par défaut qui protègent la vie privée des utilisateurs. Et à ne pas lancer des services comme Street View, où l’on peut jeter un œil sur des photos prises dans les rues des grandes villes, sans faire de consultations.

PublicitésLcnendirect AppStorecanada Businessmobile Analekta Tamusik Sciences technologies Sevenrc Francois Charron