Trident Media Guard, qui commercialise des solutions de détection de téléchargements illégaux depuis 2002, a décroché le marché de la surveillance du Net à la suite d’un appel d’offre lancé par le ministère de la Culture pour le compte de la Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la propriété intellectuelle). L’annonce a été faite fin janvier, à l’occasion du Midem.
Une étude universitaire discrédite la loi Hadopi
Le dévoilement des serveurs espions de TMG discrédite le dispositif gouvernemental, qui n’en avait pas besoin. Cette affaire intervient après qu’une étude de l’Université de Rennes 1, publiée en mars dernier, a démontré que les internautes ont modifié leur style de piratage avant même l’entrée en vigueur du dispositif de riposte graduée.
Selon cette étude (signée par les chercheurs Thierry Pénard, Raphaël Suire et Sylvain Dejean), à peine 15 % des internautes qui utilisaient les réseaux peer-to-peer ont cessé de le faire après l’adoption de la loi. Mais, en vérité, dans ces 15 %, seulement un tiers a définitivement cessé tout piratage. Les autres se sont tournés vers le streaming illégal ou vers le téléchargement sur des sites d’hébergements de fichiers (megaupload, rapidshare…) pour lesquels la loi reste inefficace. L’étude démontre surtout que la chasse aux pirates pourrait se révéler néfaste à l’économie des biens culturels en ligne. En effet, la moitié des « pirates numériques » sont aussi des consommateurs légaux de biens culturels en ligne (musique, vidéo…). Si jamais leur connexion était coupée consécutivement à une sanction du juge, les chercheurs rennais estiment que le marché des biens culturels en ligne pourrait être amputé de 27 %.
En principe, les premiers mails d’avertissement de la Hadopi aux internautes contrevenants devaient être envoyés entre mai et juillet. Un nouveau délai est sans doute à prévoir… Selon les internautes qui ont levé le piège, Trident Media Guard procède, vraisemblablement, à des tests préalables.