La trame je la connaissais et c’est pour sur une des raisons qui m’a fait craindre la vision de ce film. Dans Une jeunesse chinoise, la redondance d’étreintes amoureuses avait suscité pour ma part un ennui et un fort agacement, ayant le sentiment d’assister lourdement à la volonté d’un cinéaste d’être à contre-courant. Nuits d’ivresse printanière n’a heureusement pas emprunté cette insistance, se dotant avec panache d’une belle sensibilité. La sobriété était au rendez-vous, jouant sur la luminosité et les contrastes apportées par les lieux choisis, Lou Ye se fond dans l’intimité de ces couples pour livrer des portraits touchants. Le cinéaste parvient à ne pas tomber dans un piège où lourdeurs et maladresses auraient pu plomber une bien belle réflexion.
La censure chinoise, on la connait, Lou Ye encore plus. Sous le rang d’une interdiction de tourner, le cinéaste parvient à réaliser d’admirables plans dans les rues de Nankin ou dans des lieux plus reculés, comme cette montagne où les amoureux s’étreignent. Il nous livre une belle composition avec par instant des enchaînements pour le peu étonnants apportant une dynamique à son long métrage. Vraiment, Nuits d’ivresse printanière est le résultat d’une belle réflexion appuyée par la maîtrise d’un cinéaste. Admirable.
Diana