Navigation et sécurisation professionnelles

Publié le 22 avril 2010 par Agirplus

Dans l’ancien système de la société taylorienne ou industrielle, peu importait la qualité du travail proposé au salarié, celui-ci était supposé s’accrocher à son poste (en CDI) et tenir coûte que coûte puisque socialement il était « sauvé » en ayant rejoint la cohorte des salariés protégés derrière leur CDI (doublement protégé s’il avait en plus la chance été intégré dans une « grande » entreprise »).

De ce fait de nombreux salariés occupaient toute leur vie durant un travail dévalorisé, sous-qualifié ou simplement de mauvaise qualité. Aucune personne n’a vocation par exemple à rester toute sa vie caissière de supermarché (même rebaptisée hôtesse de caisse) ou encore opérateur dans un call center et un salarié occupant de tels postes devrait faire tous les efforts possibles pour passer à autre chose dès que possible.

Le problème en France n’est pas uniquement la qualité des emplois proposés à beaucoup de travailleurs, mais surtout leur absence de perspective professionnelle dans leur entreprise. Autrefois, dans un temps d’expansion économique et de faible qualification, il était possible d’avancer à coup d’ancienneté et de promotion professionnelle. C’est de moins en moins possible, dans de nombreuses sociétés la pyramide des âges est bouchée (et les mesures pour garder les seniors en emploi renforceront cette tendance) et il sera exceptionnel pour un salarié ouvrier de quitter l’opérationnel pour rejoindre par exemple les rangs des administratifs dans sa société.

Un grand bailleur (plusieurs milliers de gardiens d’immeubles) nous expliquait récemment qu’il était  exceptionnel qu’un de ses gardiens accède à un emploi administratif (de l’ordre d’une chance pour 1000 !).

Il faut le savoir, se professionnaliser c’est occuper plusieurs postes de travail, changer d’employeur aussi souvent que nécessaire, être capable de se remettre en question, être flexible, adaptable et opportuniste (l’opportunité d’une nouvelle carrière).

Pour celui qui ne veut pas se former, évoluer ou changer d’employeur, les risques sont désormais importants de perdre son employabilité, ses qualités d’adaptation et même son envie de travailler.

Dans la société de la connaissance et de l’information, plus aucune position professionnelle ne sera définitivement acquise, c’est à la fois une chance pour les personnes entreprenantes mais aussi un challenge redoutable pour toutes celles qui ne comprendraient pas (ou trop tard) ces changements de notre modèle social et professionnel.