C'est une toute petite différence de dénomination de série. Spirou est un produit Dupuis qui est décliné de plusieurs manières. Il y a une série classique (celle où se sont illustrés Jijé, Franquin ou Fournier) avec une numérotation plus ou moins suivie. Une sorte de préquelle avec le Petit Spirou de Tome et Janry. Et puis il y a depuis quelques années des albums parallèles confiés à une équipe ou un dessinateur pour un seul album (des one-shots comme on dit dans le milieu). Les résultats de cette dernière version sont assez inégaux, même si tout le monde s'accorde à dire que l'album d'Emile Bravo, le Journal d'un ingénu, est incontestablement la bonne surprise de cette nouvelle version. Jusqu'à présent, cette série parallèle se nommait Une aventure de Spirou... par... Il s'agit d'une plus ou moins libre adaptation faite par un auteur réputé et chacun tente de se raccorder plus ou moins bien à la série mère.
Et là patatras ! Cela devient au tome 6 : Le Spirou de Parme et Trondheim. Je passe sur la qualité graphique et scénaristique du volume (je n'en pense pas du bien, mais ce n'est pas le sujet). Je savais que le tome 9 de Lapinot, l'Accélérateur atomique*, provenait d'un scénario de reprise de Spirou refusé par Dupuis. Trondheim a fait partie comme Yann (qui a lui commencé une suite pour Chaland et terminé Coeurs d'acier, sous-scénarisé le Tombeau des Champignac pour Tarrin et scénarisé vraiment le Môme Vert-de-Gris pour Schwartz) des postulants à la reprise du personnage. J'aime bien Trondheim, mais je me demande s'il aurait dû accepter ce principe de la starification établi depuis qu'il a été grand prix d'Angoulème, président du jury l'année suivante et faux nègre de Boulet selon le mauvais journaliste du Monde spécialiste de BD : ce n'est plus du Spirou, c'est du Trondheim. Comme s'il devait donner sa seule version, on emploie l'article de notoriété : c'est le Spirou et pas n'importe lequel. Celui qu'il fallait découvrir et qui n'avait jamais été lu. Il n'en fait qu'un et c'est celui-là. Je pense que Franquin ou Fournier auraient été plus modestes à sa place.
* Dans la bibliographie en page 2, il est étonnant que tous les livres ou presque de Parme soient cités, mais que seul l'Accélérateur atomique Le Spirou qu'il a enfin réussi à publier et qui n'a pas dû être recyclé en Lapinot.
de Trondheim soit mentionné. Comme si c'était une revanche pour le volume refusé.