C’est le printemps. Les parisiens enrhumés s’obstinent à passer leurs après midi en terrasse sous le soleil encore glacial d’Avril. Le diable en rit encore de les voir trembloter à l’heure de l’apéro, le volcan dont on ne doit prononcer le nom n’en finit plus de glousser. Qu’importe, le sport national a repris, les dauberies aussi. Paris prend un léger air d’Italie. Bon ok, pas si léger l’air, mais c’est la faute des graminées.
Les mâles sortent de la torpeur de l’hiver. Les couples saisonniers se défont sous la pression de la réouverture de la chasse. Les matous que l’instinct ou la flemme avaient précipité sous des couettes accueillantes pour passer à l’abri les mois de jachère, ressortent leur pelage d’été, gonflent leurs biceps, et reprennent leur look de célibataire. Mêmes joueurs jouent encore sans l’ombre d’un remord.
Les peaux se dénudent, les robes raccourcissent. Les talons allongent les jambes, galbent un mollet, une cuisse. Dans la chasse à l’homme tous les coups sont permis. Les bouches se font gourmandes pour attirer leurs lèvres volatiles, les regards se font intenses, les invits équivoques. Paris s’encanaille au grand jour, et sourit.
La rumeur parle de vacances, de soleil, de farniente et de pays lointains. La tension s’allège, les bonnes résolutions fleurissent, les promotions pour crèmes amincissantes aussi. Les salles de sport retrouvent un air de périph’ aux heures de pointe. Pas de pitié pour l’enrobage d’hier. C’est les soldes avant l’heure. Tout doit disparaitre. Les vélib’ libres se font rare. Paris court, Paris sue, Paris souffre avec un sourire ravi.
C’est le printemps, enterrement de l’hiver qui nous à tous éreinté. C’est une grande foire qui commence, un tourbillon en approche. Notre petit monde prend place dans les starting-blocks pour ne pas perdre une seconde d’un si fugace été.
Et moi ? A la guerre comme à la guerre, je ne serai pas dernière. L’hibernation vient de finir, laissant le champ libre aux envies de liberté, de fêtes, de plaisirs et d’amour. Avec un grand A ? Pas sur quand on sait qu’il ne rime jamais avec toujours. Mais qu’importe, le printemps me répare les ailes, guérit les bleus et les coups bas, et bientôt l’été sera là pour me prendre dans ses bras !