Citoyens !
On a tôt fait d’associer la figure du « décideur » à un top manager d’entreprise, clairvoyant et dans un état d’homme quasi supérieur. Il suffit de regarder la littérature qui ressort sur Amazon en anglophone à la requête « decision-makers » :
- d’un côté ceux qui « font » le monde
- d’autres qui le subiraient, qui suivraient
MWARF !
Ce clivage parait bien obsolète avec l’avènement du digital, qui détruit de manière pervasive la chaîne de décision historique. De la même manière que le marketing d’un produit ne peut plus simplement être vertical, la chaîne de décision est forcément inspirée et traversée de multiples parts :
- parce que les employés, les consommateurs, les citoyens, sont de plus en plus placés en situation d’actionnaires rois : je suis actionnaire de la réputation de mon entreprise, je suis actionnaire de ma propre consommation – actuelle et future- et enfin je tends à être actionnaire du mandat pour lequel j’élis mon politique (même si on en est encore au stade de l’utopie à ce niveau, cet axe peut sans doute être une des raisons de l’abstention : pas de dividende à mon vote, pas de vote donc)
- parce que nous autres actionnaires sommes en situation de tension permanente. Dans cette modernité liquide, mon choix « rationnel » devient crucial afin de maximiser mon intérêt immédiat (on a de moins en moins de temps pour résoudre de plus en plus de problèmes). Ce choix rationnel est poussé à être inspiré de devices digitaux. Un problème : vite allume ton iPhone ou ton LG, qu’on aille voir ce qui se dit sur Google
- parce que nos identités professionnelles/personnelles/publiques tendent à être de plus en plus un tout accessible partout et tout le temps :
- les entreprises, dans les recherches de talent, cherchent de plus en plus des personnalités « expressives » : le challenge du manager se passe ainsi pour le managé plus seulement dans un cadre solide mais potentiellement aussi sur Facebook, via MMS, via une vidéo lancée sur YouTube
- nos processus de choix sont paradoxalement de moins en moins conditionnés dans le dur mais de plus en plus facilités dans l’ « influence » ; pour trouver un serrurier à 20h30 un samedi soir (exemple vécu) je ne vais pas forcément appeler Tonton Jeannot mais appeler le premier numéro suggéré par Google
- parce que l’expression négative de nos ressentis va pouvoir être orchestrée en ligne (dans 10 ans, les tweets ou équivalents du type « JP dit : « n’en peut plus d’attendre au guichet de la sécu » seront d’un banal affligeant) et de fait un élément clé dans nos prises de décision
Dans cet environnement, le véritable décideur, c’est l’homme de la rue « digital ». Il va s’agir de repenser rapidement tous nos modèles théoriques :
- on a bien compris les nouveaux chemins d’influence, afin de déterminer par quel canal « manipuler » (ou tenter de le faire) nos petites identités
- on a bien compris certains modèles théoriques économiques (théorie des jeux, Pareto et consorts)
- on a pas encore établi de nouvelles théories de processus de décision intégrant le digital : universitaires, vous voulez des carambars ou bien ?
D’ici là avec Calvin Harris :
« Can you stay up for the weekend
And blame God for looking too old
Can we find all that you stand for
Has been replaced with mountains of gold
You cannot dream yourself to notice
To feel pain and swallow fear
But can you stay up for the weekend
Till next year »
Calvin Harris « I’m Not Alone »
envoyé par ultrarecords. – Regardez plus de clips, en HD !