Qui ne connaît désormais Damien Hirst, ce multimillionnaire de l’Art Contemporain dont la gloire consista à choquer en exposant dans le formol une vache coupée en deux ?
En bon boutiquier il n’eut de cesse de répéter à l’infini cette même farce. Rien de bien nouveau. Et voici qu’il investit le Musée Océanographique de Monaco, ce qui lui vaut une demi-page dans Le Monde du 20 avril avec cette extraordinaire conclusion de Harry Bellet :
« L’exposition pose des questions rares (sic !) dans l’art d’aujourd’hui. La mort bien sûr. L’argent parfois. L’Humain, sa foi sublime opposée à son état ridicule et son destin, beau et tragique, toujours. Alors, oui, Damien Hirst est un artiste considérable »
L’avantage d’un texte sur l’art contemporain c’est qu’il peut dire n’importe quoi. La recette étant toujours la même, il suffit seulement de remplacer le nom de l’artiste. Mais ici la bêtise atteint des sommets. Mais qu’importe, et, puisqu’il s’agit d’art, de provocation, de scandale et de blasphème - donc tout ce qui fait qu’une œuvre d’art est désormais une œuvre d’art - intéressons-nous à cet autre « artiste » dont l’œuvre fut exposée à la FNAC de Nice.
Il s’agit là encore d’une blague ridicule de potache mais tout aussi « artistique » que La Grenouille crucifiée de Markin Kippenberger.
Et comme le Ministère de la Justice envisage une action contre le photographe, soyons certains que Frédéric Mitterrand, au nom de la liberté et de la grandeur de l’Art, viendra le soutenir…
Il est vrai que le tissus tricolore cache les fesses ce qui n’est pas du meilleur goût. Et il eût été plus subtil de le remplacer par le noir soyeux d’une burqa.
Car ce que cache la burqa…
Sauf qu’on a décidé dans l’un de ces palais au sommet desquels s’agite dans le vent notre beau drapeau, de faire disparaître cette burqa.
Une loi, et, hop, plus de burqa ! Miracle ! Ce n’est plus le régime de vichy, c’est la République de Lourdes !
Soyons donc certains que lorsque dans le sillage de quelque prestigieux émir apparaîtront les princesse voilées qu’aussitôt nos pandores investiront les marbres de l’Hôtel Crillon !
Mais qu’importe puisque art contemporain et politique jouent sur un même registre : le déni de réalité, la peur, les fantasmes, l’étalage des provocations comme seuls messages.
Les mots seront plus forts que la réalité. Il suffit de dire « J’ai dit » pour que la réalité suive… La politique brasse l’illusion comme les couvertures oniriques de la presse people. La crise comme la misère poussent sur le terreau d’un univers magique.
Incapable de gérer le réel, on s’arque boute sur des symboles ; impuissants à saisir le présent, on célèbre le passé, on radote sur la mémoire, le devoir de mémoire quand, aujourd’hui, c’est la Chine et Haïti qui font sens.
On agite les mêmes peurs, l’insécurité, les mauvais fantasmes, les frustrations. On crie, on caricature, on se croit drôle.
Guillon ou Sarkozy? Et si c’était la même chose ?
L’art, la politique… Comment l’un pourrait se grandir sans l’apport de l’autre ? Hélas, quand le discours est faussé, quand ceux qui sont censés lui donner de l'épaisseur amusent la galerie avec des pitreries, on peut comprendre l’angoisse dépressive d’une nation.