La présentation du pneu BioIsoprene de Goodyear à l’occasion du sommet de Copenhague en décembre 2009 ainsi que son récent award lors de la "Tire Technology Expo" de février dernier à Cologne a mis une nouvelle fois le « bio » sous les feux des projecteurs dans un secteur encore très dépendant du pétrole.
Goodyear Bio ?
Réduire la dépendance au pétrole. Un maître mot dans le monde de l’industrie. Au-delà de l’effet de mode, la hausse inéluctable du prix du pétrole ainsi que la raréfaction de cette source pousse l’industrie des pneumatiques à rechercher de nouvelles alternatives. Des alternatives technologiquement maîtrisées évidemment, mais aussi et surtout économiquement viables à terme.
Les innovations « bios » dans le secteur pneumatique ne sont pas encore légions et chaque nouvelle annonce est toujours suivie attentivement. D’autant plus que le pneu présenté par Goodyear est un pneu traditionnel dont seul l’un des polymères de la bande de roulement a été fabriqué à partir d’un matériel bio. Concrètement, le BioIsoprene, un substitut de l’isoprène, obtenu à partir de matières premières renouvelables.
Un composant "bio" dans le pneu
De fait, selon les termes de cadres chez Goodyear, « parler d’un pneu bio en tant que tel pour le Pneu BioIsoprène peut apparaître quelque peu exagéré en l’état actuel des choses ». Et ceci d’autant plus que, si un pneu prototype a été réalisé pour le sommet de Copenhague, l’objectif de l’américain n’est pas tant de réaliser une gamme bio que d’utiliser, à terme, ce BioIsoprène dans la totalité des pneus de la marque.
La réflexion actuelle de Goodyear est ailleurs : le besoin inéluctable de réduire leur dépendance au pétrole. Auquel s’ajoute bien évidemment la question de la réduction des coûts de ces matériaux alternatifs au moment où ils deviendront incontournables.
Objectif : conserver un niveau de performance équivalente
L’un des objectifs clairement affichés par le fabricant est de produire des pneumatiques en prenant en compte tant l’environnement que la sécurité, sans jamais privilégier l’un au détriment de l’autre. Et il semblerait que, en l’espèce, cet objectif ait été atteint avec le BioIsoprène.
En effet, selon le Manager du Département Développement des Matériaux de l’américain, cet isoprène dérivé de la biomasse, une fois purifié et polymérisé, devient un polymère équivalent à celui dérivé du pétrole habituellement utilisé. « Il faut se rendre compte qu’actuellement les raffineurs divisent le pétrole en multiples quantités de différents sous-produits dont on tire notamment l’isoprène.
Maintenant cet isoprène au lieu de provenir du pétrole, on va le faire fabriquer par des bactéries qui seront génétiquement modifiées. Puis cet isoprène va être purifié et polymérisé de la même manière qu’on polymérise l’isoprène venant du pétrole. Cette partie là est faite de manière traditionnelle. »
Ainsi, en prenant le parti d’utiliser ce produit dans la totalité de ses pneus, Goodyear sera en capacité de produire des pneus équivalents, mais en respectant davantage l’environnement. Et plus que le développement d'un pneu bio, qui pourrait être perçu avant tout comme une opération de communication, cette évolution devrait être autrement plus prometteuse d'un point de vue industriel. Selon la feuille de route, les premiers pneus devraient être commercialisés d’ici à 2013.
Caroline PERFETTI pour l'UsineNouvelle
Attention à l'abus de langage, le pneu ayant un composant issu de ressources renouvelable ne peut recevoir l'adjectif qualificatif "bio", issu de l'agriculture biologique.