«Ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel n’a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie.»
D’une sentence définitive, Nicolas Sarkozy a livré sa conclusion face aux violences de ces derniers jours à Villiers le Bel. Et de promettre plus de CRS, plus de pistolets électriques, et même des hélicoptères. Et demain ? Des tanks, peut-être ?
Nous sommes en novembre 2007. Il y a deux ans, presque jour pour jour, les mêmes scènes d’émeutes dans les banlieues. C’était, soi-disant, le choc, la prise de conscience. On avait compris, on allait agir.
Nicolas Sarkozy n’a rien compris.
Il n’a rien compris, car il rentre dans l’engrenage de la surenchère, dans le style “c’est moi le plus fort”. Par ces propos, il se place sur le même niveau que le jeune qui insulte les flics ou met le feu à une voiture. comme qu
and il lance à un marin pêcheur ” viens ici répéter ce que tu as dit”.Il n’a rien compris, parce qu’à cette crise il ne propose qu’une réponse répressive, qu’il oppose à la compréhension coupable et à la recherche des causes sociales. Il confond la nécessaire réponse à court terme (rendre la justice) avec la non moins indispensable réponse de long terme (agir en profondeur pour faire sortir ces banlieues de l’impasse).
Il est désastreux que la grille de lecture de Sarkozy soit restée sur ce faux débat. Cette vision réductrice et clivante (”on ne donnera pas plus d’argent, ce n’est pas aux contribuables de payer”) révèle la faillite de son action de long terme dans les banlieues. Depuis 2005, les crédits publics affectés aux zones sensibles sont en diminution, et la présence de l’Etat (administration, services publics) dans ces quartiers en repli constant. Ne comprend donc-t-il pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets, et que les cars de CRS sont comme un couvercle placé sur une marmite en ébulition ?
La seule réponse responsable de la part de Sarkozy serait de sortir de ce seul discours viril et répressif, et de se lancer un Grenelle des Banlieues. L’Etat a le devoir de réinvestir ces quartiers, il a le devoir de réparer une situation qu’il a pendant trop longtemps laissée pourrir par aveuglement, naïveté, indifférence et calcul politique.
Fred