» Gamines » de Eléonore Faucher ( TF 1 Video )
Sortie cinéma 16 décembre 2009
En dvd depuis le : 21 avril 2010
Sylvie Testud joue son propre rôle déjà écrit dans son roman adapté avec beaucoup de sensibilité par Eléonore Faucher
L’affiche un peu nunuche ne donne pas le ton de ce film passionnant, drôle et touchant de bout en bout. Une histoire à risques pour le mélo ,de souvenirs de gamins que la jeune réalisatrice Eléonore Faucher illumine d’une caméra légère et inspirée. Elle l’était déjà pour son premier film « Brodeuse », mais la voici cinq ans après encore plus sensible dans les regards, les mouvements, les silences qui posent tant de vérités.
Surtout qu’ici elles sont tues aux trois sœurs qui vivent avec leur maman italienne, mais sans papa. Sybille, la cadette, admirablement interprétée par Zoé Duthion n’en peut plus de ce silence interdit autour de l’absence et du mystère.Un jour en découvrant une photo d’un homme , elle pense pouvoir retrouver ce géniteur, blond, à qui elle ressemble tellement. Dans l’entourage, Sybille ne passe pas vraiment pour une Italienne…
Ce qui provoque déjà des scènes familiales bien senties, alimentées par le jeu secret que les gamines ont établi autour de la photo si énigmatique. Les coups frappés à la porte tard dans la nuit, le téléphone que la mère écoute calfeutrée au fond de sa chambre… Et si c’était lui ? La grande sœur n’apprécie pas toujours les facéties de cette petite tribu , (Louise Herrero excellente également ) une belle complicité s’installe entre elles une envie de croquer cette vie qui semble les avoir oubliées un jour.
L’un des grands mérites d’Eléonore Faucher (elle signe aussi le scénario) est d’avoir imaginé un récit en voix off, avec un va-et-vient qui n’a rien du flash-back, encore moins d’un procédé narratif. Ca mise en scène, tient compte de savoureux dialogues (Sybille n’a pas la langue dans sa poche) et d’une histoire qui dans l’anecdote et le vécu trouve obligatoirement quelques échos auprès des spectateurs.
A la mélancolie des premiers sentiments se mêle la douleur d’un père inconnu, d’un mari disparu. Des larmes et des rires aussi dans cette diaspora transalpine qui pour une fête, ou des retrouvailles au pays, berce dans un amour sans retenue.J’ai particulièrement aimé les scènes italiennes, au diapason de ce trop plein de vie, généreuses et enthousiastes, cette poésie de l’enfance, sa candeur ,ses premières égratignures.
Sylvie Testud qui joue ici remarquablement le rôle de Sybille adulte interprète en fait son propre rôle, déjà croqué dans son roman éponyme. La comédienne-romancière craignait alors une trop forte identification au personnage.«J’avais peur que le film revienne vers moi, mais au final je l’ai appréhendé comme un autre, je ne suis pas arrivé sur le plateau en me disant “ comment je vais me jouer moi” ».
Amira Casar, un personnage de belle tenue
C’est aussi parce que la réalisatrice n’en fait pas trop pour diriger à la perfection tout son petit monde. Il faut voir Amira Casar en mama jouer sur plusieurs registres maternels , toujours crédible d’un âge à l’autre, alors que les seconds rôles sont plein d’attention . Je pense au parrain de Sybille, un Jean-Pierre Martins plus vrai que nature ou au père que campe avec justesse Marc Barbé.
Ajouter à tout ce bel ensemble des musiques comme là-bas , dont « Perche Perche » de Aline et surtout « L’Italiano » de Toto Cutugno , fabuleuse rengaine que l’on retrouve dans les bonus avec en prime un diaporama. On y voit aussi le casting des gamines et c’est encore une nouvelle facette de leur talent qui se révèle lors des répétitions, dont la plus jeunette Roxane Monnier , qui ne semble pas prendre la chose au sérieux . C’est bien simple elle ne joue elle s’amuse . A l’image de ses sœurettes , qui à défaut de papa viennent de trouver une grande famille au cinéma.
19.99 €