L'instinct de propriété

L'instinct de propriété : je ne l'ai pas.
Je suis un locataire. Peut-être bien dans l'âme.
Locataire de cette terre, de passage.
Locataire des miens. Par exemple, j'ai souvent quelques difficultés à dire MA femme, MON fils, MES parents, MES copains. Ils ne m'appartiennent pas, ce sont des personnes.
Locataire de mon boulot. Je n'aime pas la précarité, mais je ne crois par pour autant au CDI à perpétuité. 
Locataire de ma maison, à tous les sens du terme, pas plus pressé que ça d'acheter LA MIENNE.
Le sujet me taraude doublement.
1. Parce que je sens partout autour de moi qu'il est au contraire plutôt développé, cet instinct. Je me demande même s'il ne se développe pas. Comme une réponse. A moins que ce ne soit une question ?
2. Parce que c'est d'actualité cheu nous. On se tâte madame et moi pour savoir si nous allons acheter ou non la maison que nous louons. Personnellement, je serais assez favorable à continuer de louer. Alors que pour elle, devenir propriétaire de la maison où l'on vit, c'est dans l'ordre des choses. Posséder sa maison, en être propriétaire, c'est important. Pas vital, mais pas loin. C'est posséder sa pierre. C'est laisser une trace à ses enfants. C'est leur céder du patrimoine.
Je comprends celles et ceux qui accèdent, comme on dit, à la propriété. Je comprends les raisonnements qu'on me tient sur le sujet. Mais au fond, je crois bien que je m'en fous. J'y perçois de la trouille.
Locataire.
Un jour, quelqu'un m'a dit que ce pouvait être une peur de m'engager.
Un autre jour, un autre quelqu'un m'a dit qu'il n'aimait pas les possédants. Que ça rend con, d'être possédant. Qu'on n'est plus pareil. Que posséder, c'est voler.
Locataire.
Mais je ne suis pas convaincu.
J'ai sans doute l'âme d'un fermier.Qui ne rêverait pas de posséder. Mais qui se satisferait de cultiver son jardin.
Ambiance sonore