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L'imbécilité qui me tue

Publié le 21 avril 2010 par Badiejf
J’entretiens ce blogue en ayant une certaine éthique. Une auto-éthique. Mon statut de blanc m’imposait des limites dans ma façon d’apprécier la vie haïtienne. Je continue de le croire même après 18 mois d’immigration. Mes fonctions, à mi-chemin entre le gouvernement canadien (celui qui verse la subvention qui permet à l’U de M de me payer) et le gouvernement aysisien (celui que j’accompagne) étaient aussi liées à cette auto-imposition d’une éthique. Finalement, il y a toutes ces coopérations que je cotoie au quotidien. Ne mettre personne dans la merde pour éviter de s’y placer soi-même, personne n’y gagnerait. Surtout qu’une opinion, en vaut bien une autre… Au plan de l’écriture, il m’est arrivé d’user des subterfuges pour livrer plus clairement certaines de mes opinions : la citation de collègues. Quelques fois, citée au texte, un peu adaptée ou tout simplement inventée. Ce soir, j’avais toutefois envie de décrier une imbéclité qui me tue et que je ne veux pas passer sous le verbe d’un collègue. Cette pratique que nous, les-bons-blancs-bien-intentionnés, sommes capables de perpétuer à vie. J’ai traversé la moitié du pays ce matin pour venir travailler avec le responsable d’une région sanitaire (un directeur départemental). Il n’était pas au rendez-vous, coincé dans une urgence diplomatique à près de deux heures de ‘brousse’ de son bureau. L’urgence diplomatique : des médecins d’un pays qui refusent de travailler dans un hôpital si des médecins d’un autre pays s’y installent. ‘On plie bagages avec équipe, équipements et médicamens si ces … restent ici !!’ Lors des jours qui ont suivi bagay la, on a vu ces guerres (jusqu’à la claque sur la gueulle !) entre plusieurs équipes nationales et/ou religieuses et/ou organisationnelles. Imaginez-vous deux secondes, un moun bien endormi sur la table, scapel et équipement dans l’abdomen, pis le professionnel de la santé refuse de terminer une chirurgie si ces ‘autres’ ne quittent pas l’hôpital. J’ai l’information de première main… Genre de conflit qui prends une population et des fonctionnaires de l’État en otage pour quelques heures, voir quelques jours. Genre de conflit qui pose bien le problème de la place des intérêts des aysisien dans le ‘marché de l’humanitaire’. Genre de conflit qui nous laisse croire que les organisations internationales se sentent propriétaires de l’île. Genre de conflit qui nous rappelle que l’imbécilité et les humains dorment trop souvent dans le même lit. Ça ne fait pas toujours des enfants forts…

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