fOOt de toi !

Publié le 21 avril 2010 par Opinion Sur Rue

Football, nom masculin. Représente une pratique sportive de l’homo sapiens modérément évolué, sage baladin d’un monde contemporain érudit, consistant à empocher des millions pour sauter des mannequins ou des putes (pléonasme), tout en sniffant de la cocaïne sur le capot d’une Lamborgini. Loisir pourtant réservé aux hommes d’esprit et doués de cœur, le football remporte néanmoins un franc succès dans les couches populaires d’ouvriers-chômeurs-alcooliques du Nord-pas-de-Calais. Une caractéristique très particulière puisque dans le foot, les individus se démarquent par une forte proportion à passer de l’amour à la haine. Du « J’suis foot de toi, baby » à « PARIS, PARIS, ON T’ENCULE ! ».

Élévation des charmes coutumiers d’une Ola pour un hobby qui fédère chaque année de plus en plus de supporters qu’il va bien falloir tenter de supporter à grands coups de sérénité, surtout en cette année de coupe du monde. Que voulez-vous … le football est en vogue. En même temps, c’est dans notre civilisation l’unique chance pour les pauvres atteints de kwashiorkor de passer à la télé sans mouches sur la tronche et de gagner de l’argent outre qu’en trafiquant dans de sordides ghettos.

Et l’adhésion à ce schéma de politique migratoire à large prorata d’intégration est grande. Étonnement général car ce sport illustre en lui seul le grignotage de la fracture sociale post-moderne dans un sordide quotidien aux cadences de crise économique. OK, c’est très cool de collectionner les Paninis ou de regarder se disputer 22 joueurs sur un même gazon ; mais seulement quand il s’agit d’un terrain de foot et d’une véritable pelouse (Fabien ?) ; parce qu’assez régulièrement, c’est sur des terrains scandalo-médiatiques et juridiques que les joueurs s’affichent.

Mon préféré, le scandale del Casimodo del Bayern de Munich : Franck Ribéry ! Déjà attrapé en flagrant délit de conduite sans permis à bord d’un bolide, le voilà maintenant pris dans la tourmente pour s’être penché sur un autre type de bolide, cette fois-ci mineure. C’était bien joli de faire un énorme patacaisse de sa reconversion à l’Islam pour épouser la petite femme de sa vie ! Là, c’est un véritable scénario de films prono trash : boîte de nuit pour beaufs à gourmettes et leurs putes à franges. Allez, pour la peine, on refait le match !! Prenez un club de gros nazes (l’équipe de France) et un club huppé des Champs (le Zaman), très fréquenté par un ancien candidat de la Nouvelle Star, Abou Sofiane. Pas de plombiers, ni d’infirmières, juste de jeunes ex-défavorisés foudroyés par un brusque éclair de célébrité. Cette gloire changeant les bons hommes en gros pompeux, ambitieux et bourrés de billets.

Il est bien connu que l’argent n’accorde que peu de crédit à la dignité humaine. Après avoir perdu leur centième match international, les quelques joueurs les plus brillants (comptez une action réussie en une saison), se retrouvent en After Open Bar pour faire tourner les bouteilles et les filles. Romantisme et fleurs bleues obligent, les passes s’enchaînent avec brio, les filles de l’Est tournent. Ça c’est du solide esprit d’équipe, du jeu groupé. Arrivent les prolongations, l’instant où le film dérape, lorsqu’une prostituée mineure remplaçante quitte le banc de touche pour aller tâter du terrain.

Là où Richard Gasquet s’en était sorti en plaidant le « petit bisous de rien du tout », Ribéry risque gros. Comme quoi, dans le milieu sportif, embrasser n’est pas tromper. Mais pour un milieu offensif, en voilà de l’affront, servi chaudement sur un plateau télé. Alors, permettez-moi de me poser une question : vous en avez pas marre de subir l’outrance légèreté de ces imbéciles heureux ? Sur fond de millions d’euros de transferts, de contrats publicitaires ou de cachets, la trame ne relate pas de belles histoires de mœurs. Inquiétez-vous donc des images véhiculées car ce sont les stades tout entiers qui sont pourris jusqu’à la moelle, moisis par des atmosphères hésitantes, vacillant entre hooliganisme, fascisme et joueurs puants.

Pour aller plus loin
Le Monde.fr « L’audition de Ribéry fait trembler les bleus »
Pierre de Coubertin, Essais de la psychologie sportive
Robert Redeker, Le sport contre les peuples
Pascal Duret, Sociologie du sport
Séquence nostalgie et émotion