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Blogueur D’Opinion, Il Est Temps De Fermer La Boutique !

Publié le 21 avril 2010 par Sagephilippe @philippesage

Voilà, C'est Fini.jpgOr donc, ici ou , on nous l’annonce, c’est fini, terminé, remballez vos scribouillures et autres balbutiements, cette écriture clavier, ça n’intéresse plus personne, si tant est que ça eut intéressé quiconque à un moment donné ; allons, rendez-vous à l’évidence, et tout à la fois, à l’inéluctable, ça crève et ça clamse, ou doucement, ça s'étiole, quittez donc cet enfer, sortez, allez humer l’air, vous confronter au réel, ton blog, messire, il est out, kapout, enfin, je veux dire, les politiques, les d’opinion, tu sais, le journalisme citoyen, cette chimère, ou cette trouduculerie, c’est plus la peine, te dis-je, c’est du temps de perdu, c’est pisser dans un violon, prêcher dans un désert.
Si tu veux tenir un blog, raconte ta vie, journal-toi intime, ou donne-nous des recettes de cuisine, des astuces de mère-grand, des points de couture ; fais dans le “geek” ou mets-y de la vidéo qui fait marrer, des photos de tes vacances, de ton dernier-né, à défaut, de ton animal domestique. Mais, de grâce, arrête de te prendre pour un journaliste. D’hurler, points et virgules dressés, contre un système ou des hommes, je t’assure que ça n’intéresse personne. Et d’ailleurs, regarde, rien ne bouge, ni change. Et c’est logique, puisque "rien, il n’y a plus rien". Ferré avait raison. Aphatie, Duhamel, oui, ça oui ! Du rien magnifié, institutionnel, adoubé ! Certes ! Et alors ? On peut les vilipender, les disséquer, démontrer par A+B leurs inconséquences ou leur suffisance, rien, ça ne sert à rien ; idem quant aux politiques.
Ah c’qu’il en faut de la ténacité, ou que sais-je d’autre(s), pour croire que par quelques billets, on pourrait changer l’histoire, la retourner, lui donner sens. Regarde, Sarkofrance ! Déjà trois ans de labeur, un vrai forçat, c’te homme-là, mais au bout du compte, une prison, une impasse ! Ça lasse. Si encore c’était drôle, n’est-ce pas ? Qu’il y eut de la dérision, une jouissance itou, enfin merde, un peu de légèreté, mais non, à la longue ça sent le renfermé, et le roussi, aussi ... Quoi ? ... Que j’vise le nombre de visiteurs uniques de ce glorieux site ? Mais c’est bullshit, mon ami, totalement bullshit ! Fuck, les visiteurs uniques ! Ils ne veulent rien dire ! Ce qui compte c’est le temps qu’ils passent sur le site ! C’est ça, la vraie mesure ! Et ça vaut pour tous les blogueurs ! 2000, 5000, 20 000 visiteurs uniques, qu’est-ce que ça veut dire, si la majorité d’entre eux caltent au bout de 5 secondes ! Rien ! Ça vaut rien ! Nib ! Allons, reconnaissons-le ! Un peu d’honnêteté que diable ! Arrêtons donc ce paluchage des visiteurs uniques ! Le temps passé sur ledit blog par l’internaute-visiteur, voilà, la mesure, la seule. Et il n’y a pas à y revenir. C’est incontestable.
Mais surtout, en premier lieu, quel intérêt à donner son avis sur, au hasard, la dernière rumeur, le dernier fait et geste de son altesse sarkozoïde, quelle portée cela peut-il avoir, hein, sinon celui d’un pet de lapin. Sinon, celui de se faire plaisir.
Le combat, le vrai, ce n’est pas sur un blog qu’il se mène, mais dans la rue, ou sur le terrain. Aux côtés de ceusses qui sont en peine. Qu’est-ce qu’il en a carrer, le gars de Molex ou de Sodimatex, d’un billet de blogueur ? Et les sans-papiers, ça change leur quotidien, peut-être ? Qui osera affirmer que Proglio s’est rétracté parce que le Net grondait ? Qui peut croire une chose pareille ? Et t’as vu la gueule, de ton No Sarkozy Day ? Si c’est pas une preuve de la non-influence totale d’une supposée armada de blogueurs, c’est quoi ?
Rien, je te dis ! Ça ne sert à rien. Même bien troussé, même bien ficelé, je veux dire, si tu te donnes du mal, que tu mégotes pas sur les arguments, références et tout le toutim, que tu ponds un billet majuscule, le monde s’en cague et s'en fout ! Ce qui le préoccupe, ce monde, c’est le buzz, vois-tu ! Ce qu’a bien pu dire (ou pas) Rachida Dati. Le buzz, relayé copieusement par les médias, par ceusses qui parlent net. Tu les a entendus, n’est-ce pas ? Parlent-ils du Net, ces Morandini’s Boys (ou pas) en des termes élogieux ? Nous donnent-ils à becqueter du blogueur qui se saigne, qui bosse dur ? Ou plutôt de l’anecdotique, du tape-à-l’œil, du futile ? N’as-tu pas noté que ce qu’ils promeuvent du Net, c’est ce qui le disqualifie dans l’opinion, tout ce qui fait dire que, pfff, le Net, c’est soit une poubelle, soit une vaste rigolade, le grand n’importe quoi. Ah, s'ils, ces chroniqueurs [*] ayant pignon sur rue, et surtout dans le système (ce qui explique, cela dit, bien des choses) retenaient de l’Internet, la beauté, l’originalité, la force même, mais non !
Alors, à quoi bon se crever la couenne ?
A quoi bon aligner des mots, des billets, suer, puisque de toute évidence, ce que l’on retiendra, comme toujours, c’est le médiocre, sans compter - ô j’allais oublier, cet aspect ! - que si tu dépasses les 20 lignes, c’est même plus dans un violon que tu pisses ! C’est que, vois-tu, faut faire court. Sinon, ça ennuie. Même sur un sujet important. Tiens, j’t'en prends un, que personne ne veut traiter, pas même un journaliste certifié, le sujet Alain Bauer ! Passionnant comme étude ! Bien plus que je-ne-sais-quel bouclier fiscal à la noix ! Ou qu’un éventuel Karachigate ! Eh bien, sur un sujet pareil, c’est pas 20 lignes qu’il faudrait. C’est du costaud. Ça demande du temps et de la longueur. Du courage, aussi … Mais je m’égare, sûrement, je m’égare ... De toutes les façons, je le sais, oh oui, Rachida Dati ou Carla Bruni-Sarkozy, ces "clapotis", c’est tellement plus important !
De fait, et tout bien considéré, un blog d’opinion, c’est au mieux sympathique, au pire sans intérêt. Tout est verrouillé. Pour ne pas dire vérolé. Mieux vaut conter fleurette. Ou payer sa tournée au Kremlin-Bicêtre. Mais pour le reste, oubliez ! Remballez ! C’est perdu d’avance ! C’est du savon à barbe ! Ça rase tout le monde ! Tant ça préfère pouffer, mater de la vidéo, du cul à foison, et buzzer à l’occasion. Faut pas se leurrer ! Celui qui vient sur le Net, surfer comme on dit, c’est rarement pour de la lecture.
Quant à la "liberté d’expression", puisque souvent, on l’invoque, cette pauvrette, c’est devenu un tel foutoir, sans règles, sans éthique, on y met tellement ce qu’on veut, vue de sa seule fenêtre, que, c’est même plus la peine ! Basta ! Plutôt se taire, allez voir la mer, son "balancement maudit", celui "qui vous met le cœur à l’heure", et, quand sera venu le temps, bientôt, (de) reprendre le boulot, le chagrin, anonyme, incertain, et "regarder passer les révolutions". Tant il y a plus de chance(s) qu’elles viennent de la rue que d’un blog. Du peuple que des internautes. De la souffrance plutôt que d’un lieu confortable. Car oui, j’allais l’oublier cet essentiel : combien de blogueurs (d’opinion) la vivent, vraiment, la souffrance ? Celles des Molex, des Sodimatex ? Celle du déraciné. De celui qui n’a plus rien. Pas même une épaule sur qui pleurer. Celle qui ne fera jamais le buzz, ce cancer véhiculé par des saligauds de première.
Combien sommes-nous à vivre et souffrir ce que nous écrivons et dénonçons ?
Or donc, il est temps, de la fermer.
La boutique.
[*] Qui, soit dit en passant, pillent - parfois - le Net de ses meilleures idées ou réflexions. Ni vu, ni connu, j’me sers, et bonsoir Clara ! .. Belle mentalité, n’est-ce pas ? ..
Bruit Of The End :
podcast


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