La phrase est si connue, si souvent répétée qu’elle en est devenue une maxime du sport cycliste. Cette phrase, la voici « Les organisateurs de course proposent, les coureurs disposent ».
Une fois encore, à l’issue d’une épreuve, en l’occurrence la Flèche Wallonne, on peut ressortir cette phrase. En effet, qu’avons-nous vu au cours de cette Flèche ? Une course de côte, ni plus, ni moins.
Cette année, les organisateurs avaient modifié le parcours en plaçant deux ascensions du Mur de Huy aux abords de l’arrivée. L’avant-dernière à 30 kilomètres de l’arrivée et la dernière sur la ligne même, comme d’habitude. Que s’est-il passé ? Après les traditionnelles échappées matinales, c’est un peloton fort d’au moins 60 unités qui s’est présenté au pied du Mur. Comme l’année dernière, comme dans bien d’autres cas.
Certes, Franck Schleck et Roman Kreuziger, deux pointures, ont bien tenté de secouer l’apathie du peloton mais ils n’avaient pas en ce mercredi le tonus nécessaire pour faire la différence.
Kolobnev, puis Klöden, ont ouvert la route dans le Mur avant d’être rejoint par Contador flanqué de son compatriote Anton. A 70 mètres de la ligne, Cadel Evans qui épiait son monde est passé devenant ainsi le premier Australien vainqueur d’une classique ardennaise.
C’est sûr, on a bien aimé la victoire de Cadel Evans car l’australien est un garçon sympathique, d’un commerce agréable en lequel ses employeurs par le passé n’ont pas accordé la totale confiance qu’il méritait.
Les puristes diront, et ils auront raison, que Cadel Evans, ancien pratiquant du VTT a le corps rompu aux efforts violents et brefs au contraire de Contador, beaucoup plus habitué aux efforts longs. C’est peut-être la raison pour laquelle Evans a pu doubler Contador à 70 m seulement de la ligne.
La victoire de l’Australien prouve en outre qu’une victoire se prépare. Certains coureurs de l’ère actuelle rient lorsqu’on leur raconte comment les coureurs du passé allaient durant de longues semaines sur le terrain de leurs futurs exploits. Ils ont tort. Cadel Evans participait pour la neuvième fois à la Flèche mais jamais il n’avait fait une reconnaissance du parcours. Mardi, veille de la course, il est allé voir le mur en compagnie de son directeur sportif, John Lelangue. Ce ne fut pas une reconnaissance à la sauvette. On a mis pied à terre pour étudier avec attention la déclivité des virages les plus difficiles, pour bien mémoriser l’endroit où il fallait placer ses roues.
Nombreux seront ceux - espèrons-le - qui, vendredi et samedi, se trouveront sur le parcours de Liège-Bastogne-Liège pour nous offrir dimanche autre chose qu’une course de côte.
Jean-Paul