Jospin récidive dans les attaques contre Ségolène. C'est, bien sûr, son droit, mais ses attaques rappellent celles de Giscard contre Chirac et celles de Rocard contre Mitterrand. Comment se fait-il que des gens intelligents, des démocrates sincères, des politiques de qualité qui ont plutôt bien gouverné se révèlent aussi mesquins dans l'adversité, aussi incapables d'accepter leur défaite et de voir la réalité en face : si les militants socialistes ont massivement (à plus de 60%) choisi Ségolène Royal contre Fabius, Strauss-Khan et (faut-il le rappeler?) Jospin, c'est sans doute qu'ils avaient de bonnes raisons de le faire. A tout le moins, leur choix signifiait qu'ils en avaient assez des dirigeants historiques du parti, qu'ils voulaient de nouvelles figures capables de renouveler problématique, programme et discours, ce que Ségolène a fait, même si ce fut souvent de manière improvisée et un peu brouillonne. Ses idées de démocratie participative ont beaucoup choqué, mais elles avaient le mérite de la nouveauté et annonçaient une révision de notre environnement politique autrement intéressant que le ravaudage constitutionnel que nous prépare la commission Balladur.
Les propos de Jospin, parler de Ségolène comme d'une figure seconde de la politique ne relèvent certainement pas du sexisme, moins encoredu racisme, mais ils sont une marque intolérable de mépris à l'égard de quelqu'un qui a été choisi par les militants et n'a pas démérité (on ne le répètera jamais assez, 47% des voix au second tour c'est infiniment mieux que 16% au premier).
Un dernier mot : à force d'attaquer aussi violemment Ségolène Royal, certains socialistes vont finir par nous faire croire que non contentes de pas voter pour elle (car comment un Jospin a-t-il pu voter pour Ségolène sachant ce qu'il en pensait?) ils ont incité leurs camarades à faire de même.