Je ne parle pas de Pépin la Bulle, mais de la bulle immobilière. Pour ceux qui en doutent encore, rassurez-vous au moins avec les grosses commissions que vous avez touché dans les 10 dernières années.
Remarquez que ceux qui s’accrochent sont aux premières loges. Les prêteurs hypothécaires et les agents d’immeubles ne peuvent concevoir que la fête se termine. Mais, ce sera bien le cas. La négation faire aussi partie d’une des phases de la surchauffe d’un marché.
Celui de l’immobilier a vécu une de ses plus belles poussées de croissance en 50 ans. Rappelez-vous 1982 à 2001. Beaucoup de propriétaires ont perdu une fortune. Je me souviens en 1995, j’ai recommencé à travailler à Montréal et j’ai dû quitter Trois-Rivières. 2 ans plus tard, j’ai dû me résoudre à laisser partir mon bungalow 13 000$ de moins que je l’avais payé.
Puis en 2001-2002, après l’éclatement de la bulle technologique… on a récupéré les économies restantes en vantant la brique. «Il n’y a que ça de vrai» dit-on encore. Pour éviter une grave crise financière, les banques centrales ont dû couper généreusement dans les taux directeurs. Au grand plaisir des entrepreneurs et intermédiaires de toutes sortes… les programmes et incitatifs ont graissé la patte de l’un et la bedaine de l’autre. Ajoutons le consommateur qui réussissait à acheter un manoir sans mise de fonds et vous aviez là un puissant cocktail générateur de céphalée.
Cette semaine marque un changement de ton. Le marché ne veut pas comprendre que la croissance immobilière ne peut être un ascenseur vers «l’infinie et plus loin encore»?Alors, il faut restreindre les conditions d’achat. Le président de la Banque du Canada et le ministre des Finances ont compris. Ça devenait sérieux! Même les dirigeants des plus grandes banques canadiennes demandaient aux autorités de resserrer l’accès à la propriété. Les récentes hausses de valeurs immobilières n’ont aucune base solide pour se justifier. Il n’y a que la spéculation et les facilités de crédit qui les expliquent.
Donc, depuis lundi il y a 3 nouvelles règles qui entrent en vigueur.
1-Pour pouvoir se qualifier, les institutions calculeront les ratios en fonction d’une demande pour un terme de 5 ans fermé, et ce, même si vous souhaitez obtenir n’importe quelle échéance. Pas de doute, il sera plus difficile de se faire accepter.
2-Le plafond de refinancement est fixé à 90% du ratio prêt-valeur. Ça signifie que maintenant la mise de fonds exigible sera de 10%.
3-Enfin, pour décourager la spéculation dans les multilogements, on exigera une mise de fonds de 20% à ceux qui ne comptent pas y habiter.
Il était temps. Ajoutons le fait que Mark Carney dit clairement qu’il augmentera les taux en juin… et je crois qu’on a ce qu’il faut pour que la bulle s’évapore lentement!