Les absents ont toujours tort. Pendant les dix jours que j'ai passés au Pays Basque, mesurant le bonheur d'avoir là-bas Mgr Marc Aillet pour évêque, je n'ai eu qu'un accès limité à Internet et je n'ai donc pas su que le recours de l'abbé Francis Michel auprès de la Congrégation pour le Clergé avait été rejeté dans un délai record. Ce n'est donc qu'avec bien du retard que je viens de l'apprendre aujourd'hui, en consultant le site de soutien au curé de Thiberville ici [d'où provient la photo ci-contre de l'abbé Michel].
Pour ceux qui ne savent pas qui est l'abbé Francis Michel je rappelle qu'il est, sinon juridiquement, du moins aux yeux de Dieu et de ses ouailles, toujours, ce depuis 20 ans, curé de Thiberville, une paroisse qui dépend administrativement de l'évêque d'Evreux, Christian Nourrichard, prélat qui ne fait rien pour inspirer le respect dû à sa dignité mitrée. Le sort spirituel des âmes de cette paroisse est le cadet des soucis de ce véritable syndic de faillite.
Fin décembre cet évêque bureaucrate, et sans saveur, pour lequel un diocèse n'est qu'une administration, où les prêtres diocésains ne sont que des pions, que l'on peut déplacer à loisir, décide de supprimer d'un trait de plume la seule paroisse de son diocèse qui n'est pas en voie d'être désertée par les fidèles [voir mon article L'abbé Francis Michel, curé de Thiberville, et qui entend le rester du 18 janvier 2010]. C'est aussi arbitraire et absurde que de décider de la destruction massive de maisons sur le littoral de Vendée ou de Charente Maritime... pour masquer une incompétence, qui a conduit à un désastre.
Selon le principe des calamités de Michel de Poncins, qui est transposable à ce qu'est devenu l'évêché où un Mgr Gaillot a jadis sévi :
"Une calamité d'origine publique conduit toujours à une autre calamité pour soi-disant corriger la première"
Le manque de prêtres a conduit ainsi le citoyen-évêque Nourrichard à répartir cette pénurie géographiquement sans se demander dans le fond d'où elle pouvait bien provenir et comment il convenait d'y remédier.
Admettons un instant que la décision du citoyen-évêque Nourrichard ne soit ni arbitraire ni absurde et qu'elle ne réponde pas à une calamité par une autre calamité, mais soit en quelque sorte une sanction. Cela voudrait dire que l'abbé Francis Michel serait coupable de quelque chose. Or comme je le résumais le 3 février 2010 [voir mon article Affaire abbé Francis Michel: le script du 3 janvier à Thiberville ] :
"Il n'y a rien à reprocher à l'abbé Francis Michel sinon d'avoir "une sensibilité traditionnelle" et de se conformer à la volonté de Sa Sainteté le pape Benoît XVI,
c'est-à-dire :
- de situer le Concile Vatican II dans la continuité de la tradition millénaire de l'Eglise
- de donner sa place au rite extraordinaire de l'Eglise à côté de son rite ordinaire
- de célébrer la messe tourné vers le Seigneur, en communion d'élévation vers Dieu avec les fidèles
- de se préoccuper et de
s'occuper avant tout des âmes qui lui sont confiées à l'instar du Saint Curé d'Ars à qui il a été laissé 40 ans pour ce faire
- d'être soutenu en retour par les laïcs de sa paroisse, qui assument ainsi pleinement leur promotion voulue par le Concile Vatican II.
Autant de choses propres à susciter la jalousie de confrères qui ont bien du mal, dans leurs églises désertes, à faire venir les fidèles, sinon à les retenir, et qui se réjouissent, en
toute charité chrétienne, des avanies infligées par leur évêque incompétent à l'abbé Michel."
Dans notre hypothèse, il faut donc croire que le citoyen-évêque Nourrichard se nourrit de bien mauvaises pensées pour disloquer une paroisse qui marche, pour destituer ainsi un curé tout à fait dans la lignée du Saint Curé d'Ars, sous le patronage duquel le pape Benoît XVI a placé l'année 2009-2010.
Le citoyen-évêque Nourrichard publie le Vendredi Saint un communiqué assez farce ici, écrit la veille, soit le Jeudi Saint, qui tombait cette année le 1er avril.
C'est un communiqué au vocabulaire beaucoup plus froidement administratif que lumineusement religieux :
"Rome a parlé.
La Congrégation Romaine a confirmé la décision de Mgr Nourrichard, Evêque d’Evreux.
L’ancien groupement interparoissial de Thiberville reste donc une communauté locale de la
paroisse de Notre Dame de Charentonne, dont le curé est le P. Jean Vivien.
Il s’agit maintenant pour l’abbé Francis Michel de vivre l’engagement pris le jour de son
ordination presbytérale : l’obéissance promise à l’Evêque de son diocèse.
Mgr Nourrichard rappelle que l’Abbé Michel n’a plus les pouvoirs canoniques pour célébrer les
mariages reconnus par l’Eglise.
En ce jour du Jeudi Saint, fête du Sacerdoce où tous les prêtres renouvellent cet engagement,
prions pour que l’abbé Michel retrouve le chemin de la fidélité et de la communion.
En cette année sacerdotale le témoignage du St Curé d’Ars peut sans doute l’y aider.
+ Mgr Christian Nourrichard
Evêque d’Evreux".
Ce qui choque le plus dans ce communiqué c'est le chantage à l'obéissance auquel se livre le citoyen-évêque Nourrichard, qui ne trouve rien à redire aux désobéissances ouvertement affichées par des membres de son clergé bien-aimé à l'égard de directives du Saint Père.
Ce qui choque le plus également dans ce communiqué c'est l'invocation au témoignage du Saint Curé d'Ars pour convaincre en somme le curé de Thiberville de renoncer à l'imiter et à persévérer dans sa tâche de ramener au bercail les brebis dispersées.
Lundi de Pâques le Comité de Soutien à l'abbé Michel publiait la réponse suivante ici au communiqué épiscopal :
""Rome a parlé"
Monseigneur Nourrichard se plaît à dire que « Rome » a parlé, et que la Congrégation pour le clergé a confirmé sa décision.
C'est aller un peu vite en besogne. Non la Congrégation n'a en rien confirmé sa décision, elle répond simplement que le recours de l'abbé est juridiquement rejeté. Elle ne répond absolument pas au problème de fond, à savoir l'intérêt pastoral, l'intérêt des âmes. Elle répond sur le plan purement administratif.
Or sur le terrain, cette décision de l'évêque d'Evreux reste insoluble :
- les fidèles ne reconnaissent pas Jean Vivien pour leur curé, ne se retrouvent pas dans sa « pastorale » ;
- et ils veulent garder leur curé, l'abbé Michel, celui qui les guide depuis plus de 20 ans, a partagé leurs joies et leurs peines, comme « le Bon Pasteur connaît ses brebis et ses brebis le connaissent » (Jn X, 11-18)
Monseigneur appelait au dialogue, mais un dialogue demande que l'interlocuteur écoute. Aujourd'hui les fidèles de Thiberville n'ont toujours pas été entendus. A la voix plaintive des « brebis », il ne répond jusqu'à ce jour que par l'obéissance et la menace.
Qu'il nous soit permis de rappeler à Monseigneur que le 23 avril 2004 et le 22 février 2007, Rome a parlé ! Nous aimerions voir le zèle intrépide d'un successeur des Apôtres dans l'application de l'instruction Redemptionis Sacramentum, rappelant l'importance de l'application rigoureuse des normes officielles dans la liturgie, et à nouveau dans l'exhortation Sacramentum Caritatis. Le silence assourdissant dans ce domaine sous-entendrait que tous les prêtres du diocèse appliquent fidèlement les directives romaines sur la liturgie et proposent à leurs fidèles LA liturgie romaine authentique... Qu'il nous soit permis d'en douter, car il suffit de quitter de quelques kilomètres le secteur de Thiberville pour être témoin du contraire.
Alors oui, « Rome a parlé »... mais il serait bon de ne pas écouter que ce qui arrange... Aujourd'hui l'abbé Michel donne à ses fidèles ce que le Peuple de Dieu est en droit d'attendre de son prêtre, et ces derniers ne sont pas disposés à l'abandonner ! Si Monseigneur pense que l'affaire sera réglée par décret, si Monseigneur s'en tient à l'état « administratif » du problème... alors bien loin d'une solution, nous nous trouvons dans une impasse dont il lui faudra assumer les conséquences."
Ajoutons qu'il existe une voie de recours contre la décision purement juridique prise par la Congrégation pour le Clergé, auprès du Tribunal suprême de la Signature apostolique, que préside Mgr Raymond Burke.
Le citoyen-évêque Nourrichard a, je l'espère, vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. En choisissant le Vendredi Saint pour publier son bulletin de victoire, il a certes alourdi momentanément la croix de l'abbé Michel, mais il n'est pas sûr que le Seigneur, d'où procède tout pouvoir sur Terre, bénira finalement cette mauvaise action de la part d'un successeur des apôtres.
Francis Richard
Nous en sommes au
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