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La condamnation de Tran Khai Thanh Thuy confirmée en appel

Publié le 19 avril 2010 par Francisrichard @francisrichard

Tran Khai Thanh ThuyLe 3 février dernier j'écrivais sur ce blog un article intitulé Des peines de plusieurs années de prison pour les dissidents vietnamiens . Ces derniers étant condamnés par la justice vietnamienne sous des motifs bidons, tels que propagande contre la sacro-sainte République socialiste du Vietnam ou volonté incroyable de concurrencer le sacro-saint parti unique par la création d'autres organisations, destinées, cela va de soi, à renverser le régime.

En réalité dans nos pays nous dirions que ces écrivains, ces blogueurs, ces avocats, ces journalistes, bref ces criminels extrêmement dangereux, se battent pacifiquement pour les libertés de pensée et d'expression et pour la démocratie.

Dans cet article du 3 février dernier j'évoquais in fine le cas de la romancière Tran Khai Thanh Thuy et de son mari Do Ba Tan. Les accusations portées contre les deux époux ressemblaient à s'y méprendre aux accusations montées de toutes pièces qui caractérisaient le régime soviétique russe de sinistre mémoire.

Voici ce que j'écrivais ce jour-là à leur propos :

"Le 5 février 2007, ce sera au tour de l'écrivain Tran Khai Thanh Thuy, 48 ans, d'être jugée, sous une accusation encore plus inédite, par un tribunal de Hanoi. Cette écrivain a déjà connu la prison pendant 9 mois, en 2007, pour "trouble à l'ordre public". Cette fois elle a été arrêtée le 8 octobre 2009 pour les "coups et blessures" qu'elle a reçus (sic).
 
Madame Tran Khai Thanh Thuy ce même 8 octobre 2009 avait voulu assister au procès de six militants pro-démocratie. Arrêtée une première fois, elle est libérée et rentre chez elle. Elle et son mari, Do Ba Tan [photo ci-dessus qui provient d'
ici], y sont agressés par un inconnu, un certain Diep. La police arrive peu après le départ de l'agresseur, sur plainte de ce dernier, qui accuse le couple de coups et blessures. Pour preuve une photo montrant leur victime blessée, photo qui date du ... 28 février 2005. La ficelle est grosse, mais, que voulez-vous, le régime doit bien s'en contenter, faute de mieux.
Membre de l'English Pen
ici, lauréate du prix Hellman/Hammett 2007 ici, Tran Khai Thanh Thuy encourt une peine de 3 ans de prison. Il est vraisemblable que les juges "indépendants" du tribunal de Hanoi ne se montreront pas cléments à l'égard de cette récidiviste... qui nargue le pouvoir du haut de son mètre cinquante-deux."

Dans ces procès écrits d'avance, qui ne sont que des simulacres de justice, il n'y a pas beaucoup de surprises à attendre. Le 5 février 2010 Tran Khai Thanh Thuy et son mari Do Ba Tan étaient donc condamnés respectivement à 42 mois d'emprisonnement et à 24 mois d'assignation à résidence.

Ces dissidents courageux ont fait appel de ce jugement et la sentence est tombée le 16 avril dernier à l'issue d'un procès qui n'aura pas duré quatre heures : leurs condamnations ont été confirmées, ce qui ne surprendra personne, dans un pays où l'arbitraire règne.

Une dépêche de l'AFP, datée du 16 avril 2010 ici, précise les conditions dans lesquelles les "débats" ont eu lieu :

"Dès l'ouverture du procès, qui, délibérations comprises, a duré un peu moins de quatre heures, Mme Thuy s'est dite "innocente".

"Je suis une victime, je ne suis pas une accusée", a-t-elle déclaré, avant de se voir intimer l'ordre de se taire et d'être emmenée quelques minutes hors de la salle d'audience.

"Moi et mon mari avons été battus et blessés mais, finalement, nous sommes accusés d'avoir blessé d'autres personnes", a ajouté un peu plus tard l'écrivain, avant d'être une nouvelle fois temporairement sortie de la salle."

Il faut dire qu'il est inconvenant de se prétendre innocent quand on a reçu des coups...

Tous les régimes totalitaires ont peur des témoins directs. Il n'est donc pas surprenant que la presse étrangère et les diplomates occidentaux n'aient pas été admis dans l'enceinte de la Cour de Hanoï ce 16 avril 2010, comme le rapporte la même dépêche de l'AFP :

"La presse étrangère a été autorisée à suivre les débats, pas dans la salle d'audience mais dans une salle à part, sur un écran de télévision en circuit fermé. A l'énoncé du verdict, quand Mme Thuy a crié "Je proteste", cette télévision a été coupée.

Les diplomates occidentaux se sont totalement vu refuser l'accès à la cour."

Il paraît que la vaillante République socialiste du Vietnam a fait des progrès en matière de droits de l'homme...

Francis Richard

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