Cette
rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus
par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et
les présentations font souvent appel aux informations fournies par les
éditeurs.
Ossip Mandelstam, Nouveaux poèmes,
1930-1934, Allia
Christian Prigent, Météo des plages,
P.O.L.
Jean-Luc Parant, le Je des yeux,
Atelier la Feugraie
Ludovic Degroote, Le Début des
pieds, Atelier la Feugraie
Anne Portugal, La Formule Flirt,
P.O.L.
Bartolo Cattafi, L’Alouette d’Octobre,
Atelier la Feugraie
J’ai vu la mer, anthologie de
poésie turque contemporaine, Bleu autour
Nicole Brossard, Journal intime
suivi de Œuvre de chair et métonymies,
Les herbes rouges
Michel Surya, L’Impasse, Al
Dante
et les revues
Rehauts, n° 25
Ligne 13, n° 1
Contre-Attaques, n° 1
Notices détaillées de chacun de ces livres en cliquant sur
« lire la suite de…. »
Ossip Mandelstam
Nouveaux poèmes, 1930-1934
Traduit du russe et présenté par Christiane Pighetti
Allia, 2010
6,10 €
À tes frêles épaules sous les coups de
rougir
sous les coups de rougir, sous le gel de brûler
À tes mains enfantines de soulever les fers
de soulever les fers et tresser les cordages.
À tes tendres pieds nus d’aller nus sur le verre
d’aller nus sur le verre et le sable sanglant.
Mais à moi en ton nom, cierge noir, de brûler,
cierge noir, de brûler, et ne pouvoir prier
février
1934
Christian Prigent
Météo des plages
P.O.L., 2010
13 € - sur
le site de l’éditeur, avec premières pages
en librairie le 23 avril
Christian Prigent sous-titre son livre « Roman en vers », et de fait
il s'agit à la fois d'un roman, d'un roman autobiographique dans la veine des
derniers livres de l'auteur (Demain je
meurs, Grand-mère Quéquette), et
d'un livre de poésie.
Soit une journée à la plage, du « petit lever » au
« nocturne » final, en passant par « pique-nique » et
« petit quatre-heures ». Des personnages passent (parentèle, filles
convoitées, déités en stage dans des marines rococo). Des événements ont lieu
(idylles, marées noires, footing, noyades). On dialogue sur quelques points de
morale et d'esthétique. C'est donc du roman
(quoique tué dans l'œuf). Mais en vers. Ces vers sont métrés (mais impairs, non
mélodiques), rimés (même si souvent par acrobaties bouffonnes) et distribués en
quelques centaines de quatrains.) (site de l’éditeur)
Jean-Luc Parant
Le Je des yeux
Atelier la Feugraie, 2010
13 €
« C’est parce que les yeux sont des
ouvertures infiniment profondes que deux petites fentes dans le corps ont suffi
pour voir le monde et pouvoir le saisir tout entier. La matière des yeux, sa
brillance et ses couleurs, n’est due qu’à son immense capacité à tout saisir.
Les yeux sont les trous les plus clairs parce qu’ils ont aspiré toute la
lumière. Rien ne pourra jamais les remplir, les combler et les faire déborder.
Jamais les yeux n’auront tout vu, jamais ils n’auront vu assez, tout ce qu’ils
voient reste si insaisissable que rien ne peut s’additionner sans se
soustraire. La vue laisse tout intact. » (p. 50)
Ludovic Degroote
Le Début des pieds
Atelier la Feugraie, 2010
14 €
« j’ai envie d’une bière
voilà de la poésie prise au vif
58% des français se plaignent de la poésie contemporaine, leurs attentes ne
sont pas satisfaites, ils pensaient que ce serait autre chose, ils ont déjà
tant de mal, c’est inutile d’en rajouter, ils croient qu’on le fait exprès.
ils ont les pieds fidèles
eux aussi iront à leurs lésions
nous masquons si bien le vivant »
(p. 26)
Anne Portugal
La Formule flirt
P.O.L., 2010 – sur
le site de l’éditeur, avec premières pages
13 €
en librairie le 23 avril 2010
Ce nouveau recueil d'Anne Portugal évoque le tremblé des choses, il est
construit à partir de textes qui vont deux par deux, se font face à face.
Différents ils portent le même titre et se croisent en se frôlant, un peu à la
manière de Jane et de Tarzan qui chacun sur sa liane va de son côté mais
ils s'approchent de si près cependant, s'effleurent, cela s'appelle le flirt.
On pourrait dire qu'il s'agit de ne jamais conclure, de ne jamais figer, de ne
jamais entrer dans la chronologie dramatique : rien ne commence, rien ne
peut s'arrêter. Tout est en suspens, fugitif, évanescent : on peut appeler
ça la poésie, une certaine formule flirt de la poésie, cela pourrait être
l'amour.
Bartolo Cattafi
L’Alouette d’octobre
Traduit de l’italien par Philippe di Meo
Atelier la Feugraie, 2010
16 €
POINTS DE VUE
« Mes points de vue je les prends
je les place à différentes hauteurs
et en cercle chaque point
opposé à un autre
qui se retrouve au beau milieu tombe
est mis en pièces se liquéfie
maintenant que je suis dans le plural dans le juste
l’arène est sombre et vide
ni vu ni connu
l’œil sait-on quels autres
mauvais tours en vain il savoure par avance
(c’était le partial c’était seulement celui
qui donnait aux branches leurs feuilles
aux ailes leurs plumes) » (p. 125)
Anthologie J’ai vu la mer
Anthologie turque de poésie contemporaine
Choix, présentation et traduction de Michèle Aquien, Pierre Chuvin et Guzin
Dino, avec Enis Batur et Elif Deniz, Dessins Abidin Dino
Bleu autour, 2010
20 €
en librairie le 26 avril 2010
De la poésie turque, le lecteur occidental connaît l’ancienne poésie
du Divan et, pour l’époque contemporaine, le grand Nâzım Hikmet. Après un
premier élan avant-gardiste sous influence française, fin XIXe,
début XXe, c’est lui qui introduisit le vers libre, avec bientôt
Orhan Veli, l’un des artisans dans les années 40 du « Premier Nouveau ».
L’homme de la rue entrait en poésie, désormais affranchie des anciens codes.
Dix ans plus tard, s’écartant de ce réalisme nu, les poètes du « Second
Nouveau » firent davantage place au « moi », à l’imaginaire. En
un siècle de fortes turbulences historiques, ces deux fractures ainsi que les
traditions ottomanes et anatoliennes modelèrent une poésie foisonnante,
multiforme, populaire. Plus que sous bien d’autres cieux, elle dit le pays et
l’époque d’où elle sourd, elle est sur les lèvres, elle est vivante.
Près de cinquante dessins de Abidin
Dino (1913-1993) – connu en France sous le nom d’artiste de
« Abidine » – prennent place dans la présente anthologie. Ils
offrent un chemin de lecture parallèle, en résonance avec les poèmes : le
peintre et dessinateur Abidin Dino fut le contemporain et l’ami très proche de
nombreux poètes, en particulier Nâzım Hikmet et Orhan Veli.
Liste complète des auteurs :
Ahmet Hâşim ; Yahya Kemal Beyatlı ; Nâzım Hikmet ; Ercüment
Behzat Lav ; İlhami Bekir ; Asaf Hâlet Çelebi ;Ahmet Muhip
Dıranas ; Cahit Sıtkı Tarancı ; Fazıl Hüsnü Dağlarca ; Orhan
Veli Kanık ; Oktay Rifat ; Melih Cevdet Anday ; İlhan
Berk ; Behçet Necatigil ; Cahit Külebi ; Salâh
Birsel ;Sabahattin Kudret Aksal ; Necati Cumalı ;
Ahmed Arif ; Attilâ İlhan ; Metin Altıok ; Can Yücel ; Turgut
Uyar ; Hasan Hüseyin Korkmazgil ; Metin Eloğlu ; Edip Cansever ;
Ece Ayhan ; Sezai Karakoç ; Gülten Akın ; Hilmi Yavuz ;
Ataol Behramoğlu ; Refik Durbaş ; İsmet Özel ; Nihat
Behram ; Mehmet Taner ; Hulki Aktunç ; İzzet Yasar ; Enis
Batur ; Tarık Günersel ; Şavkar Altınel ; Salih Ecer ; Lale
Müldür ; Ahmet Güntan ; Haydar Ergülen ;Mehmet Yaşın ; Sami
Baydar ; Birhan Keskin ; Küçük İskender ; Bejan Matur ;
Bünyamin K. ; Azad Ziya Eren ; Gültekin Emre.
Nicole Brossard
Journal intime, suivi de Œuvre de chair et Métonymies
Les herbes rouges, 2008 (nouvelle édition, format poche)
« Certes le livre demeure un anti-journal intime et Nicole Brossard est
aussi éloignée qu’on peut l’être d’une Anaïs Nin. Mais elle tire pourtant de ce
genre un autre espace d’écriture, qui est avant tout celui d’une rencontre avec
la beauté simple, follement aimée » (Pierre Nepveu, dos du livre)
Michel Surya
L’impasse
Al dante, 2010
8 €
« Au risque de l’incongruité, mais c’est ici la victime qui choisit son
supplice, L’impasse comme le
tortionnaire conduit son lecteur vers la dernière extrémité. Le lecteur, il est
vrai, sait qu’il n’en mourra pas. À défaut d’en mourir, il sentira qu’achève de
se décomposer en lui le vieil idéalisme amoureux qui servait d’alibi à la
sexualité. Tant pis pour lui s’il ressent cette décomposition comme une très ambiguë
et très dérangeante affaire mystique… »
(Bernard Noël, extrait de « Défiguration », revue Contre-Attaques#1, Al Dante, mars 2010).
L'impasse, adresse désespérée à l'être aimé, a toute la force ravageuse des
vraies mises à nu. Un livre aussi terrible que généreux. Dans ce nouveau récit,
Michel Surya pousse les limites de l’excès jusqu’à l’étouffement, l’angoisse de
l’être au monde se fait à chaque ligne toujours plus crue.
et les revues
Rehauts,
n° 25
(corps écrit)
13 €
Au sommaire, Maurice Benhamou, Julien Bosc, Béatrice Casadesus, Jean-Pierre
Chevais, Cédric Demangeot, Gérard Duchêne, Marie Etienne, Luc Grand-Didier,
Karl Krolow, Sophie Loizeau, Mathieu Nuss, Stéphanie Oudin, Jacques Sicard,
Claude Viallat, Isabelle Zribi.
Ligne
13
n° 1, printemps 2010
13 €
LIGNE 13 est une revue littéraire dirigée par Francis Cohen et Sébastien
Smirou. « Pour savoir ce qu'on fait quand on écrit - avec qui, avec quoi
(désirs, techniques, héritages, voisinages, questionnements quotidiens). »
Une toute nouvelle revue dont Poezibao
recommande de visiter son site.
Au sommaire (ici par ordre alphabétique, mais dans un ordre différent au sein
de la revue, qui est en fait conçue comme un véritable livre, avec ses
chapitres) :
Marie-Louise Chapelle : L’étiquette
Michèle Cohen-Halimi : Les tirets de Nietzsche
Alain Cressan : Du jeu dans la lecture (Hocquard & Stevenson)
Jean Daive : François Martin : Monologue. Autoportrait.
Jean-Michel Fauquet (avec Francis Cohen) : Le grand séparateur
Frédéric Forte : Re-Collecte
Rémi Froger : t-i-t-r-e
Roger Giroux : Lettre à Roger Laporte
Christophe Mescolini : Clinamen (Accidents de lecture)
Laurent Prost : strike / texte rayé / strike
J.H. Prynne : To Pollen (traduction et postface : Abigail Lang)
marie rousset : Conversation avec les plis
Sébastien Smirou : Dans le sillon du plus simple appareil
+ Sylvain Lazarus : Conviction remplace lumière.
L’ensemble est précédé d’une introduction par Francis Cohen et Sébastien
Smirou, à lire ici
ainsi que les premières pages du numéro. L'ensemble est comme
"traversé" par des dessins de François Matton.
Contre-Attaques#1
Perspective 1
Al Dante / Collectif, 2010
23 €
Contre-attaques, série de collectifs
dirigés par Alain Jugnon, philosophe et dramaturge, s’identifie comme un réseau
en continuel mouvement, où s’expérimente et se vit une pensée ouverte, non
normée. Chaque publication de Contre-attaques
offre au lecteur de suivre les pistes réflexives menées par les actants de ce
réseau…
Avec Michel Surya, s’organisent autour de cette première perspective :
Michel Surya, Franco Berardi, Barbara Cassin, Alain Jugnon, Bernard Noël,
Jacob Rogozinski, Philippe Hauser, Christian Prigent, Marc Nichanian, Jean Paul
Dollé, Mehdi Belhaj Kacem, Claude Louis-Combet, Mathieu Bénézet, Alain Rebours,
Francis Cohen, Malek Abbou, Yann Goupil, Camille Dumoulié, François Brémondy,
Michael Löwy, Véronique Bergen, Catherine Hélie, Philippe Corcuff, Amador
Fernandez-Savater, Margarita Padilla, David Christoffel, Julien Blaine, Aïcha
Liviana Messina, Alain Brossat, Ronald Klapka, Jacques Broda, Muriel Moutet,
Jean-Clet Martin.