Anthologie permanente : Ludovic Degroote

Par Florence Trocmé

Ludovic Degroote publie Le Début des pieds, à l’Atelier la Feugraie.  
je travaille à l’intérieur de mes barrières comme les enfants et comme les vaches je me colle à la clôture je regarde passer le monde il va si vite je me cale contre le bord j’aime bien ça je ne peux pas faire autrement je suis très mal.  
on ne sait jamais à quel moment précis ça bascule sinon on réussirait à s’éviter. 
toute cette pièce mise en route pour s’arrêter 
j’aimerais trouver un exemple ça mettrait de l’ordre dans ce que j’écris 
j’aime bien la vie quotidienne chaque jour elle me rassure 
elle fait sa barrière sans que j’ai à y penser 
je pense si souvent à la mort depuis l’âge de sept ans je ne m’y fais pas ce n’est pas une raison pour ne pas vivre il y a tant de théorie sur la vie 

je me souviens de mes peurs à l’instant que le moteur tombe en panne les bougies à nettoyer dans la houle hachée les intestins qui vous quittent et toute cette mer qui vous supprime en vous rapprochant de vous-mêmes le souffle court coupé court et lui qui me dit pas de panique ludo il y a les rames les côtes le courant je vois la mort dans chaque instant vide le temps 
je ne sens pas la mort 
je me trompe sur le temps et quand on se trompe sur le temps on se trompe sur la mort 
je me défais dans la certitude des galets 
même si mal un monde où ça marche 
où je puisse encore me retourner 
Ludovic Degroote, Le Début des pieds, Atelier La Feugraie, 2010, pp. 32 et 34 
Ludovic Degroote dans Poezibao : 
bio-bibliographie, prix des découvreurs de poésie, extrait 1, extrait 2, wimereux (parution), Un petit viol (par Ariane Dreyfus) 
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