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Wulf Kirsten, lauréat du prix Joachim Ringelnatz (par Alain Lance)

Par Florence Trocmé

Alain Lance fait savoir à Poezibao que le poète allemand Wulf Kirsten vient de recevoir un important prix littéraire allemand 
 
 
Le poète allemand Wulf Kirsten, âgé de 75 ans, reçoit le 24 avril le prix Joachim Ringelnatz de la ville de Cuxhaven. 
Ce prix, doté de 15 000 euros, est l'un des plus importants en Allemagne. Kirsten vit à Weimar. Il a récemment édité une magnifique anthologie de la poésie allemande de Nietzsche à Celan. Le jury a souligné l'attention que Kirsten porte aux petites choses, à ce qui ne saute pas aux yeux. Dans ses poèmes il fait revivre d'une manière inédite un univers que nous croyons connaître. Depuis les années soixante, Wulf Kirsten a publié de nombreux livres en RDA puis dans l'Allemagne unifiée.
En 2002, avec son fils Holm, il a édité un recueil de textes écrits par d'anciens détenus du camp de concentration de Buchenwald.
Docteur honoris causa de l'université d'Iéna en 2003. 
 
par Alain Lance 
 
 
Poezibao propose ce poème paru dans la revue Siècle 21, n° 13, automne-hiver 2008 
 
Monologues 
 
les gens se parlent à eux-mêmes 
sans façon, tout haut,  
dans leurs allées et venues 
en ville,  
sur tous les tons. 
avaleurs de syllabes, mangeurs de mots, 
mutilateurs de phrases, dans les embarras des rues 
agissent sans gêne aucune et avec quelle expressivité. 
les jurons eux-mêmes 
ne sont pas lancés avec plus de vivacité. 
discorde interne affichée, 
exprimée à haute voix. 
un tour de force : ordonner 
de sa propre voix 
à sa bouche de se taire. 
comme si l’une et l’autre, 
et chacune en son sein,  
étaient constamment laissées seules. 
au long des rues scintillent 
des ombres mélancoliques 
qui s’en vont. 
des lèvres s’échappe 
le trop-plein du coeur
 
 
 
Wulf Kirsten, traduction de Stéphane Michaud, in Revue Siècle 21, n°13, automne-hiver 2008, p. 38.  
 
 
1. La citation finale est empruntée à Matthieu, 12, 34, dans la traduction de Luther. Ce que l’édition Bayard de la Bible rend ainsi : « Race de vipères, le mal est en vous. Le bien ne peut pas sortir de votre bouche, puisque des lèvres s’échappe le trop plein du cœur » (p. 2240)


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