Tous contre et vice versa : Penser l’engagement autrement
Le Président de la République fait naturellement l’objet de bien des critiques. Sans doute une partie d’entre elles sont-elles légitimes. Sans doute même peut-on débattre du bilan de ses mesures, de l’impact de la crise sur son action politique, de ses contradictions. Mais nous laisserons cela à la grande tribu des « yakafokon », ceux qui refont au quotidien autant la sélection de l’équipe de France, celle du Racing Club de Strasbourg que les prises de décisions des conseils municipaux et régionaux de gauche, comme de droite. On l’aura compris, cela râle …
Nicolas Sarkozy, bouc émissaire ?
Ce sport-là est français pour les uns, et gaulois pour les autres. Au cœur de la tempête, les attaques légitimes et illégitimes contre le chef de l’État devraient nous pourtant nous pousser à d’autres questionnements :
- Sarkozy n’est-il pas aujourd’hui, le bouc émissaire, le bonhomme hiver d’une pensée civique que l’on aimerait magique et que l’on jette au bucher après l’avoir adoré. Sur un dossier comme celui des retraites, est-il responsable des finances de l’Etat – dont le solde est le fruit de ses prédécesseurs et de leurs ministres ? Est-il responsable des blocages techniques mis en place depuis des décennies et qui empêchent aujourd’hui toutes les réformes.
- Sur d’autres questions sociales, en quoi Sarkozy est-il responsable finalement de la déprime française, du départ d’entreprises étrangères ? Il serait comptable des bas salaires, mais si demain il faisait fuir les capitaux d’investisseurs, on le prendrait haut et court.
- Bien sûr, il est des sujets, évoqués autant par Eric Zemmour, Valeurs Actuelles, Xavier Raufer qui méritent, elles des analyses plus fines. Quid du communautarisme, quid de l’insécurité, quid de la supposée intégration… Je me situe sur des lignes interrogatives et critiques.
- Enfin,la majorité sarkoziste existe, puisqu'elle a remporté les élections. Respectons et jugeons sur les résultats et promesses tenues.
Au cœur de cette période trouble, Nicolas Sarkozy est devenu du fait de sa volonté de personnifier la politique du gouvernement, celui sur lequel pleuvent les coups. Certains font mal, lorsque les « chiens », expression mitterrandienne, se lâchent ou sont lâchés.
Qui sont les coupables ? Qui sont les responsables ?
Il faudrait donc pour que tout change, changer de Président ! Soit, et alors ? Quel qu’il ou elle puisse être, qu'est-ce qui changerait ? Les finances de l’État se rempliraient-elles d’elles-mêmes, le CAC 40 monterait-il aussi haut que les poussières du volcan islandais, le pouvoir d’achat exploserait-il ?
La réponse est aujourd’hui clairement non ! Et elle vaut autant pour les europhiles que pour les nostalgiques passéistes du Franc fort ou or. Le monde a bougé, ses paradigmes aussi et si le coq chante toujours sur le tas de fumier, si le gaulois râle, l’environnement est tout autre.
Au commencement était l’action
Pour augmenter le pouvoir d’achat et les salaires, il faut baisser les charges. Pour baisser les charges, il faut faire baisser la dépense publique, optimiser la fonction publique et continuer à responsabiliser les acteurs privés de l’économie. Pour que les gens puissent investir et relancer l’économie de proximité, il faut qu’ils gagnent plus et payent moins d’impôts. Pour cela encore, il faut que l’Etat et ses collectivités dépensent moins et dépensent mieux. Il faut aussi faciliter l’emploi en tiers et quart temps car au-delà de la précarité, il y a néanmoins des revenus qui permettent d’assoir des familles et des personnes.
Tout cela, Nicolas Sarkozy ou pas, ne se fera pas sens un pacte privé/public, ni sans une envie de créer une dynamique collective (celles qui émanent de pays voisins comme la Suisse, l’Allemagne, démontrent leur efficacité) …
La nouvelle donne issue de l’évolution économique et de la crise du capitalisme passe par un civisme économique, celui-ci passe par un patriotisme économique local, régional, national, par la relecture d’une partie des thèses de Maurice Allais mais aussi par une responsabilisation individuelle dans un projet collectif.
Repenser le rapport avec la politique et en revenir au politique
Les élus ne sont pas des Dieux ! Cessons de les monter sur un piédestal pour mieux les clouer au pilori. Cessons de vivre dans une personnification absolue du pouvoir politique. Il faut des chefs d’équipes, nous les élisons… Après, oui, exigeons qu’ils travaillent, qu’ils tirent l’attelage, mais notre rôle à tous est peut-être de nous engagé de pousser ce qui avance, de freiner ce qui recule et d’oser être les acteurs d’un destin qui n’est pas celui d’une personne, mais celui d’une région, d’un pays et d’un continent : L’Europe.
Pour ma part, je n’ai pas le choix de certains, chaque jour, chaque matin, j’œuvre pour payer charges, impôts et taxes en souhaitant qu’il en reste pour que ce que je travaille en plus, me permette de gagner plus. C’est aussi un impératif fort de tous ceux qui oeuvrent à leur compte et dans le privé et qui ressentent, au quotidien le fait que l’on ne s’en sortira que tous ensemble et jamais les uns contre les autres.
L’époque est à l’action de masse, à des solidarités régionales et nationales, à une responsabilisation de chacun dans l’érection de l’avenir de tous ou du plus grand nombre. Premium inter pares, le Chef de l’Etat œuvre, laissons-le aller jusqu’au bout puisque ce fut la volonté du corps électoral.
STB