David Longuépée
Nouveau venu dans les différents courants économiques , le mouvement « cradle to cradle » (littéralement du berceau au berceau) va à l’encontre totale de l’idée prétablie qui voulait que le processus de vie d’un objet occultait sa fin de vie ou presque.
© Crédit photo: wwf/flickr
Cependant ce système qui avait prévalu depuis la révolution industrielle a vécu, et ne peut plus être. Aussi après l’implantation et l’intégration du recyclage comme composante de nos vies quotidiennes, voici venu le temps de la résurrection permanente des objets. Le concept en est fort simple, un objet créé l’est à partir d’autres objets et son cycle de vie n’aura pas de fin. Le déchet devient nourriture et réintègre le processus de fabrication. Une sorte de « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » version écolo
A l’origine du concept, deux hommes : Michael Braungart et William McDonough. Le premier est un chimiste allemand, patron de l’Agence pour l’encouragement à la protection de l’environnement, le second un industriel américain. Leur idée de départ est que pour sauver notre façon de vivre, il faut un changement de paradigme : Pas juste une adaptation ou une régulation de notre modèle de production - un vrai changement de modèle de production.
Le nôtre, celui de la Révolution Industrielle du XIX ème siècle,consistait à arracher les matières premières au sous-sol, à les transformer pour produire, le plus vite possible et au moindre coût, des objets rapidement obsolètes et dont la décomposition compromettait notre santé et celle de la planète. Ce modéle pouvait s'intituler Cradle to Grave : du berceau au tombeau . Un système de production linéaire et mortifère qui n'est pas pérenne.
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En 2002, ils publient ensemble un livre qui devient la référence de tous les entrepreneurs qui veulent emprunter le chemin de la réussite entrepreneuriale et du respect de l’environnement : Cradle to cradle : remaking the way, we make things. Cet ouvrage est salué par le Time Magazine qui les voit comme les nouveaux héros de l’entrepreneurship durable. Ils développent en parallèle une certification complexe ainsi qu’une agence de certification et s’en vont convaincre les grands noms du capitalisme américain. Le géant américain Nike par exemple, qui récupère le caoutchouc de vieilles chaussures de sports pour créér des pistes d’athlétisme indoor.
En Europe, le concept intéresse particulièrement les pays éco-innovants tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas. En France, c’est l’entreprise Dim qui a décidé d’aborder le concept du Cradle to Cradle en commercialisant des collants conçus dans des textiles bio-dégradables, qui pourraient servir de compost agricole. Petit à petit des entreprises telles que Bouygues, la SNCF, Danone cherchent elles aussi à améliorer leurs produits et à intégrer la notion de durabilité permanente dans leur processus de fabrication.
Mais c’est en Asie que le concept C2C est promis sans doute au meilleur avenir. Devant la hausse rapide du niveau de vie de ses habitants , la Chine va devoir utiliser de trésors d’ingéniosité si elle ne veut pas épuiser son sol pour loger 400 millions de personnes désireuses d’accéder à l’habitat individuel . Les autorités locales sont si convaincues du bien fondé que même les plus hautes instances du pouvoir chinois appellent aujourd’hui à une économie circulaire. Petit à petit , le mouvement de C2C fait son chemin au sein du monde industriel car comme le souligne Eric Allodi, patron de Integral Vision une agence qui fait la promotion du Cradle to Cradle en France , «Le bouclage effectif du cycle de matière permet à l’industriel de comprendre que ses déchets ont de la valeur. » Et un déchet qui a de la valeur pour un industriel devient une matière dont il faut prendre soin.