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La crise économique est-elle derrière nous? La nouvelle bulle des dettes souveraines.

Publié le 17 janvier 2010 par Jazzitup

Un élan d’optimisme semble avoir regagné les marchés: les banques dégagent à nouveau des profits, les traders reçoivent des bonus pour Noël,la consommation survit sous perfusion, la croissance mondiale est repartie à la hausse… Le gros de la crise des subprimes semble être passé, et tout à l’air d’être en chemin pour reprendre « comme avant ». A en croire certains, il ne manque plus qu’à amortir les conséquences sociales de la crise – reléguées au rang d’effets secondaires – le temps d’y voir plus clair, et les gens oublieront.

Difficile d’adhérer vraiment à ce schéma d’explication, qui vise sans nul doute à conserver les privilèges de ceux à qui le système profite, de moins en moins nombreux. Sûr que ça ne fait même pas sourire les un million de chômeurs français qui arrivent en fin de droits ce mois-ci, licenciés pour une crise économique bien éloignée de l’effort qu’ils ont mis dans leur travail. (Pour mémoire, la fin de droit c’est le bout de la période d’indemnisation chômage. Après cela, il faut se débrouiller pour vivre avec les minima sociaux, soit 400 euros par mois).

Revenons-en au problème qui nous concerne, à savoir que tout semble repartir « comme avant ». Le capitalisme financier génère de nouvelles bulles, car les investisseurs croient savoir évaluer les risques (très complexes, nous dit-on), mais ne voient pas les plus gros et s’auto-entretiennent dans leurs illusions. Tout ça de manière rationnelle, il paraît.

Seulement voilà, aujourd’hui la bulle que l’on voit gonfler, d’une ampleur inédite, c’est celle des « dettes souveraines », contractées par les États pour financer leurs « plans de sauvetage » de l’économie. On commence seulement à se rendre compte que ces interventions budgétaires, bien qu’indispensables, mettent à mal nombreux pays dans le remboursement de leurs créances.

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La dégradation de l’appréciation de la dette publique de la Grèce et la faillite évitée de justesse de Dubaï nous rappelle que les États, comme les banques, sont vulnérables. Ils peuvent même faire faillite. L’Argentine, le Mexique ou la Russie sont trois exemples de pays qui ont payés un lourd tribu à se déclarer en « cessation de paiements » au cours du 20ème siècle.

La différence avec aujourd’hui, c’est que le risque systémique financier qu’on a voulu éviter (une banque coule et tout le monde coule) s’est propagé à quasiment tous les pays (un État coule et … ?). En effet, en injectant de l’argent pour sauver l’économie, les États ont été contraints d’éponger la dette privée par un transfert des sommes sur leur propre bilan.

Prenons un scénario pour illustrer les mécanismes en jeu. Laissons-nous bercer par le catastrophisme et imaginons que l’Islande fasse défaut de paiements. D’abord, tous les investisseurs ayant contractés des bons du trésor islandais subiraient des pertes sèches, les mettant pour certains dans des situations critiques. Cela rendrait vraisemblable de nouvelles interventions étatiques qui alourdiraient encore plus les dettes publiques.

De plus, il y a fort à parier que cela déclencherait une vague de panique parmi les institutions et les particuliers ayant contractés des obligations étatiques, et qu’on assisterait à un repli vers les valeurs « refuges » (matières premières, bons du trésor des « grands pays »), poussant à la faillite en chaîne les « petits pays ».

Ce scénario noir de réactions en cascade, déjà observé de manière similaire lors des attaques sur les taux de change responsables de la crise asiatique de 1998, aurait des répercussions bien plus vastes que sur le champ de l’économie à n’en pas douter.

Déjà on assiste à des difficultés des États à lever des fonds sur les marchés obligataires, signe que les investisseurs commencent à se méfier du dérapage des finances publiques. Pour faire face à leurs échéances, les États acceptent d’emprunter plus cher. Ce renchérissement se répercute inévitablement sur le financeur en bout de chaîne, le contribuable (hausse des prélèvements obligatoires, politiques d’austérité, réduction des dépenses sociales de l’État…).

S’il est difficile de prévoir la suite des événements puisque l’expérience à cette ampleur est à ce jour complètement inédite, force est de constater que l’immobilisme ne pourra que ramener le capitalisme financier vers ses contradictions. Ce système économique accorde bien trop de poids à des marchés immatures, biaisés et insuffisamment réglementés. Nombreuses solutions et propositions ont été avancées. Il faut maintenant les mettre en œuvre pour opérer une véritable transformation du système. Pour qu’il fasse moins de place à la finance en basculant vers un nouvel humanisme sociétal (remettre les valeurs humaines au centre de la société).


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