WASHINGTON — Pour l'écrasante majorité de ses utilisateurs, l'iPad est une plateforme multimédias. Mais des chercheurs américains ont découvert des vertus inattendues à la création d'Apple. L'iPad, arguent-ils, permet aux handicapés de communiquer avec leur environnement.
"Mettons que quelqu'un a eu une attaque. Lorsque cette personne reprend conscience, elle ne peut plus s'exprimer. Alors, au lieu d'acheter un appareil médical qui l'aide à communiquer et qui coûte 5.000 dollars, vous sortez votre iPad, téléchargez une application et --bingo !-- cette personne peut de nouveau communiquer", a lancé Gregg Vanderheiden, directeur d'un centre de recherche sur les nouvelles technologies à l'Université du Wisconsin (nord des Etats-Unis), lors d'un entretien accordé à l'AFP.
Car la force de l'iPad réside d'abord dans son prix --entre 499 et 829 dollars aux Etats-Unis--, et ensuite, et surtout, dans sa maniabilité.
Pour exprimer un besoin, l'utilisateur n'a qu'à toucher de la pointe du doigt l'icône --la fameuse "application" ou "app"-- qui s'affiche sur l'écran tactile et qui correspond à l'activité qu'il souhaite faire, comme lire un journal sur internet ou faire des achats en ligne.
"Tous ceux qui n'ont pas la faculté de s'exprimer et ont besoin d'un appareil qui parle à leur place" ou les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, qui préfèrent communiquer à l'aide d'images plutôt que de constamment chercher leurs mots, peuvent tirer bénéfices de l'iPad, renchérit Karen Sheehan, qui dirige l'Alliance pour l'accès à la technologie. Cette association cherche à répandre l'usage des nouvelles technologies chez les enfants et les adultes handicapés.
Et Mme Sheehan d'ajouter à cette liste les patients dont la motricité a été réduite à la suite "d'un accident de la route, de lésions au cerveau", voire "les soldats de retour d'Irak", blessés au combat.
La société américaine AssistiveWare a déjà flairé le filon. Pour 189,99 dollars, elle propose une application baptisée "Proloquo2Go" qui permet aux personnes ayant des difficultés d'élocution de communiquer via l'iPad en faisant apparaître des icônes qui correspondent à des phrases complètes ou de faire lire des textes par l'appareil.
Karen Sheehan voit aussi un autre avantage à l'iPad par rapport à ses petits cousins, l'iPhone et l'iPod Touch.
Sur ces deux derniers, "l'écran est très petit et pour quelqu'un dont la motricité est limitée, il est difficile d'atteindre les petites icônes", dit-elle. "Sur l'iPad, il est beaucoup plus facile d'appuyer sur une icône sur laquelle est inscrit +je veux du jus+ ou +je veux voir un film+".
Dan Herlihy est déjà conquis. Connective Technology Solutions, sa société, propose du matériel et des logiciels qui permettent aux personnes handicapées de communiquer.
Certains enfants souffrant de problèmes de dextérité ont beaucoup plus de mal "à se servir d'une souris d'ordinateur qu'à simplement toucher du doigt" l'écran tactile de l'iPad, a observé l'entrepreneur, basé dans l'Etat de New York (nord-est), lors d'un entretien accordé à l'AFP.
Il compte donc bientôt ajouter l'iPad à sa "malle aux trésors", qui renferme tous les outils qu'il offre à ses clients, et, par exemple, utiliser l'appareil comme outil d'apprentissage pour les enfants.