On prend le même et on recommence. Nicolas Sarkozy repart à la conquête du cœur de son électorat en ressortant les recettes qui ont contribué à son succès. Non sans ambiguïtés. Abandonnant les habits de président de la république, il se glisse dans ceux de premier flic de France dans une attitude et un discours qui ne sont pas sans rappeler un certain Georges Bush. Comme si, imperceptiblement, les banlieues étaient devenues notre moyen-orient à nous avec la guerre intérieure comme dérivatif au naufrage d’un mandat.
Plus c’est gros et plus ça passe. Nul ne peut contester le mauvais bilan de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité. Huit années aux manettes et pas vraiment d’amélioration. Chouchoutée un temps, la police confrontée à une baisse de ses effectifs et à une réduction de ses moyens a le sentiment d’avoir été abandonnée en rase banlieue. Le plan Marshall des quartiers a fait pschitt .
C’est toute la crédibilité du président qui est aujourd’hui sérieusement entamée. Le décalage entre les discours volontaristes et les actes d’impuissance sont désormais facturés au prix fort dans des sondages catastrophiques pour l’Elysée. Les annonces faites à l’occasion de la sortie présidentielle en Sine-Saint-Denis ressemblent à un nouveau coup d’épée dans l’eau .
Deux éléments caractérisent le mode de gouvernance de Nicolas Sarkozy : la communication et la polémique. La communication autour du nouveau Préfet dont la mission première est la sécurité sert de paravent à un exécutif dans l’incapacité d’esquisser une feuille de route lisible aux services de l’Etat. Le sécuritaire plus que la sécurité comme seul moyen de lutte contre le chômage et la vraie misère, c’est un peu court pour un chef de l’Etat garant de l’unité nationale.
La polémique autour de la suspension des allocations familiales permet d’éviter d’aborder le fond à savoir comment raccrocher au reste du pays des territoires devenus des secteurs de seconde zone.
A juste titre, Claude Dilain maire de Clichy-sous-Bois et médecin constate qu’on s’attaque aux symptômes mais pas aux racines du mal. Le quotidien Les Echos rappelle qu’un dispositif de suspension des allocations familiales existe déjà mais qu’il est inapplicable …
Il ne s’agit pas de faire un procès au président de la république de vouloir essayer de faire bouger les choses mais le manichéisme et le simplisme qui guident sa conduite s’avèrent totalement contre-productif comme si quelque part, de façon inconsciente ou non, il existait un intérêt à conserver l’épouvantail des quartiers chauds.
“La République ne reculera pas d’un millimètre”, a martelé Nicolas Sarkozy à Bobigny. Comment le pourrait-elle ? Il n’y a bien que le chef de l’exécutif pour ne pas vouloir admettre que dans certains endroits elle est déjà absente. Tel un chanteur en tournée, content de son effet, Nicolas Sarkozy a promis de revenir “dans les prochaines semaines” dans le 93. Ah oui ?
Entre deux moulinets le Président n’a pas peur des critiques: “On entend déjà les voix bien pensantes qui s’élèvent: on va mettre le feu aux quartiers…“. L’important pour l’Elysée c’est de mettre fin aux “décennies de renoncement et de laxisme“. La nécessaire réintroduction du respect est pourtant conditionnée par une exemplarité comportementale de l’Etat. Que celui qui est censé l’incarner commence par avoir un comportement plus digne tant dans son attitude personnelle qu’à l’égard des enseignants et des élus locaux qui incarnent, au plus prés des habitants, la République.
Quelles mesures pour améliorer la sécurité en banlieue?
envoyé par franceinter.