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Cunégonde au-dessous du volcan 4

Publié le 21 avril 2010 par Porky

Scène 3

LES MEMES, plus CUNEGONDE et LEILA

 

CUNEGONDE (Emue)

Me retrouver ici ! Tant d'années écoulées !

Comme cela m'émeut ! J'ai envie de pleurer.

LA MADONE

Allez donc, ça commence ! Elle n'a pas changé !

Toujours à pleurnicher lors de ses arrivées !

LE PRESIDENT

Soyez la bienvenue dans mon bureau, ma chère. 

Il y a fort longtemps, et là je suis sincère,

Que nous n'avons pas eu le plaisir réciproque

De nous voir en ces lieux et ce sans équivoque.

CUNEGONDE

Il est vrai, mon ami, que nos relations*

Ont parfois ressemblé à une indigestion.

Mais le temps est passé où ces murs fraternels

Retentissaient alors de mortelles querelles.

Le danger nous menace, il nous faut renoncer

A tout ce qui pourrait, Seigneur, nous détourner

De la mission sacrée qui nous est impartie :

Sauver là les actions des grandes compagnies.

LE PRESIDENT (Distant, à Leïla)

Je vous salue, Leïla, et vois avec plaisir

Que vous vous portez bien.

LEILA (faisant la révérence)

                                            Seigneur, pour vous servir.

LE PRESIDENT (De plus en plus froid)

Vous me serviriez mieux en vous taisant, ma chère.

LEILA

Je n'ai rien dit, Seigneur.

LE PRESIDENT (Idem)

                                         Alors je vous suggère

De garder vos dix doigts bien loin du clavier*

De votre ordinateur, ou par Dieu, vous pourriez

Vraiment le regretter. Ai-je été assez clair ?

LEILA (Un peu pâle)

Vous m'accusez sans preuve...

CUNEGONDE

                                                   Et c'est un grave impair.

Car Leïla, mon ami, n'est pour rien dans les bruits

Colportés sur le Net. Croyez-le, je vous prie.

LE PRESIDENT

Puis-je sur votre avis changer mon opinion ?

Vous êtes son amie.

CUNEGONDE

                                   D'où votre suspicion.

Si j'apporte la preuve, après avoir réglé

Le problème qu'ici nous avons soulevé,

La tiendrez-vous enfin quitte de vos soupçons ?

LE PRESIDENT

J'essaierais d'oublier ses étranges façons.

CUNEGONDE

Ce point étant réglé, nous devons tous agir.

De notre plus grand zèle dépend notre avenir.

Il nous faut sur le champ en Islande partir

Amadouer l'ennemi et ici revenir.

Je dois vous l'avouer, j'ai fait un rêve étrange :

J'étais près du volcan, je baignais dans la fange...

LE PRESIDENT

Vous aussi ?

CUNEGONDE (interloquée)

                     Moi aussi ?

FIFI

Le rêve de Madone est tout à fait semblable.

LA MADONE (Dépitée)

Il t'a aussi parlé ? Mais c'est invraisemblable !

ROSIE LA TERREUR (A La Madone)

Vous n'avez pas, je crois, l'apanage des songes.

Et Madame, elle au moins, ne dit pas de mensonges.

LA MADONE (Furieuse)

Veux-tu donc insinuer, grosse tourte inutile,

Que je suis...

CUNEGONDE

                       Il suffit. Rosie, garde ta bile

Pour d'autres occasions. (Au Président) La Cour est-elle prête ?

Pouvons-nous tous partir à l'assaut de la bête ?

FIFI (sursautant)

Et je suis encor là, alors que je devais

Prévenir nos amis, je suis vraiment distrait.

Pardonnez-moi, mon Prince, et soyez magnanime

Je m'en vais de ce pas regagner votre estime.

 (Il se rue vers la porte)

LE PRESIDENT (L'arrêtant)

Inutile, Fifi, car j'ai bien réfléchi.

La Cour est un poids mort et fait trop de chichi.

Que viennent avec nous ceux qui se trouvent là,

Ca permettra de faire un peu moins d'embarras.

FEFE DE BROADWAY

Mais il manque quelqu'un, ô mon cher Président.

LE PRESIDENT (Surpris)

Ah bon ? Qui ?

FEFE DE BROADWAY

                         Ce vide pourtant est évident.

Notre belle égérie, votre Scarlatina.

LE PRESIDENT

Je me disais aussi... Eh donc, l'huissier ! Holà !

(L'huissier entre.)

Qu'on aille sur le champ quérir ma belle dame,

L'informer qu'on l'attend pour terminer le drame.

(Sortie de l'huissier)

CUNEGONDE

Terminer, cher ami ?  Vous êtes dans l'erreur.

Ce n'est que le prologue à bien d'autres horreurs.

LA MADONE (Entre ses dents)

L'art de bien rassurer ! Mais comment ce crampon

A-t-il pu arriver quand manquent les avions ?

ROSIE LA TERREUR

Cunégonde la Sage au renom si glorieux

N'a pas besoin d'avion pour paraître en ces lieux.

Il suffit qu'elle dise « aidons notre prochain »

Et son apparition disperse les vilains.

LA MADONE (Dépitée)

Marie ne fait pas mieux. Mais c'est qui, la Madone ?

Moi ou ce vieux machin qui nous joue les j'ordonne ?

LA LANGOUREUSE ARIELLE (Bas, à la Madone)

Ne vous inquiétez pas, je le dis sans mentir,

Nul ne saurait céans ce rôle vous ravir,

Car il vous va trop bien.

(On frappe à la porte)

 

LE PRESIDENT

                                      Quoi encor ? Qui va là ?

LA VOIX DE SCARLATINA

Ce n'est que moi, chéri.

LE PRESIDENT

                                      Entrez, Scarlatina.

(Entre Scarlatina O'Blondi, tenant une guitare à la main.) 

(A suivre)


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