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Le temps qui passe...

Publié le 21 avril 2010 par Sullivan

Ce blog a cinq ans. Ouvert en avril 2005, c'est bien simple: j'ai l'impression qu'il date d'une autre vie. Ce qui n'est pas complètement faux, d'ailleurs... Cinq ans et, pour l'instant, je continue (même si la nouvelle gestion des espacements par Over-blog me rend fou et créé des billets moches!).

Bon, ce blog-ci n'a pas tout à fait cinq ans, puisque j'ai commencé à bloguer sur une plateforme Windows Live avant de rappatrier un à un mes anciens posts ici-même pour garder la continuité. Je ne me souviens plus de quand date la transition, d'ailleurs. Quelquepart vers fin 2006 / début 2007, je crois, parce qu'il me semble avoir blogué la Présidentielle sur Over-blog. -- Je viens de vérifier: en fait, c'est seulement il y a deux ans, tout début 2008, que j'ai emménagé ici.

250 billets publiés. Ca en fait un peu moins d'un par semaine, en gros. Je pensais que ce serais moins, honnêtement. Mais c'est vrai que des périodes d'hyper-bloguites compensent les moments de silence. Difficile d'en tirer un vrai bilan tant ce qui frappe, en se retournant vers ce passé, c'est que cet espace est un objet éditorial totalement non-identifié. Et qui a, qui plus est, beaucoup évolué au fil du temps.

Première chose: en me rendant compte du nombre de posts parlant politique, j'ai aussi réalisé que je devais, ami lecteur, te remercier pour ne pas m'avoir simplement dit de fermer ma bouche! :-) Je suis content de la décision d'ouvrir un blog spécifique sur le sujet il y a un peu plus d'un an: ça a quand même pas mal calmé la schyzophrénie éditoriale de ces lieux.

J'en suis content même si le blog politique n'a pas tenu sur la longueur. Il était très lu, -- beaucoup, beaucoup plus que celui-ci -- mais à ne parler que politique, j'avais l'impression de me prendre horriblement au sérieux, et de ne pas être super légitime. Je suppose aussi que le fait que je sois encarté depuis la rentrée dernière, ce qui correspond à la chute d'activité, a joué dans le tarissement de cet autre blog -- qui n'est pas formellement fermé. Et puis l'actualité politique de l'année passée a été terriblement bas de plafond et désespérante, ça n'a pas aidé.

Autre évolution forte: au début, ce blog avait une composante intime/personelle qui a complètement disparu au fil du temps. Aujourd'hui, je suis terriblement embêté quand il faut parler directement de moi ou de ce que je ressens ici,  et je procrastine depuis dix jours un billet du genre. Alors que ça m'a été facile à une époque. Même si je l'ai toujours fait de manière allusive, voire cryptique. Ce qui m'a amené à écrire des choses aussi bizarres que :

Il y a ces moments où s'entrechoquent les passés déçus, les futurs angoissés et les présents tumultueux. Comme par un malin plaisir, ils s'amusent de débouller en même temps, se nourissant chacun d'une fragilité qu'ils amplifient tour à tour.
On voudrait croire en une vie écrite, en la perspective d'un destin à accomplir. C'est une croyance lâche ; un paravent qui nous abrite de la responsabilité de nos choix. Je suis on.

Mais comment s'imaginer tracer soit même la direction, la ligne droite vers l'avenir, quand, tenant à peine debout sur ces bases frêles, on a même peur de lever les yeux?

Billet "Intersections en temps réel", 3 mai 2005.

Ou ça :

Les pas de coté s'enchainnent. Pour mieux tourner en rond tout en avançant, à moins que ce ne soit l'inverse. Les vérités se dévoilent, même celles qui sont enfouies.

Enterrer pour avancer. Ou seulement pour mieux justifier de rester sur place, ancré par le poids des passés non affrontés ? Se confronter, de gré ou de force. De force.

La tête dans le sable et essayer de vivre malgré tout.
Ressentir profondément le besoin. Le refuser absolument. Baisser les bras devant la construction impossible sur le champ de ruine laissé par ce que j'ai détruit.
Avoir choisi le silence, reporté au lendemain, parce que la simple idée du face à face vous nouait l'estomac. S'y être enfermé. La seule chose plus difficile à rompre que le silence nouvellement installé, c'est le silence prolongé. S'isoler enfin, comme toujours.

Ne plus savoir lequel on est, celui des deux qui est le vrai ou le faux.

Compter les mois seuls, qui égalent les mois ensemble. Ne pas pouvoir le croire, tant certains ont semblé longs. Ne pas ignorer que tout est fini. Refuser le point final ; et savoir qu'il est là, juste devant vous. Une proximité qui angoisse. Quatre jours infinis.

Billet "...Pourvu qu'on ait l'ivresse", 7 juin 2005.

Le simple fait de recopier ces passages, alors qu'ils se réfèrent à des choses depuis longtemps passées, plus ou moins cicatricées, alors qu'ils sont pourtant en ligne ici-même, archivés dans les premières pages de ce blog, me fait presque me sentir tout nu. Sans doute parce que j'écrivais tout cela en ayant pas du tout le sentiment que ce serait lu par quelqu'un (ce qui est quelque part absurde sagissant d'un blog, je vous l'accorde), ce qui n'est plus vrai aujourd'hui. Sans doute aussi parce que aussi cryptique  et dénué de name-dropping que tout cela soit, j'ai quand même réussi à me faire engueuler par quelqu'un, une fois, de façon parfaitement illégitime.

Ce blog abrite aussi la trace d'une grosse part de mon parcours associatif, même s'il avait commencé environ un an avant l'ouverture. Tout est là: le travail, le plaisir, le réel bonheur parfois, et la fierté devant certains accomplissements.  Sont là aussi les déceptions, les trahisons et les colères. La fatigue aussi, à la fin. J'en suis parti d'un coup, comme souvent, lessivé. Un peu énervé après moi-même d'avoir prolongé six mois au-delà du moment où je savais qu'il fallait arrêter et où j'avais déjà failli le faire. Il faut toujours que je m'use jusqu'à la crise avant de tourner une page...

Et puis il y a l'écriture. Son coté chiant pour le blog (le répertoire/inventaire des articles écrits en cinq ans, et j'en écrit beaucoup!) et son coté créatif.

Quand ce blog a commencé, la Saison Virtuelle de MillenniuM publiait encore! Bon, c'était vraiment la fin et j'étais d'ailleurs en train d'écrire mon dernier script. "Medice, cura te ipsum". Un scénar que j'adore toujours -- j'ai dit longtemps que c'était le meilleur truc de fiction que j'ais écrit, c'est sûrement vrai -- même si aujourd'hui, les concessions faites vis à vis de la manière dont un scénario doit réellement être écrit m'agacent. (Comme on écrivait pour n'être que lu, et qu'on le savait pertinemment, la présentation est à cheval entre le scénario et l'objet litéraire, c'est un peu crispant quand on est habitué à lire de vrais scénarios).

Et puis il y a eu la pièce de théâtre que j'ai adapté d'un roman et mise en scène en 2006. Même avec l'ambiance totalement pourrie dans laquelle la pièce a été produite, au paroxysme de certains conflits associatifs, ça reste un bon souvenir. C'est dire!

Quelque fois, il y a des aspects déprimants aussi, comme "la vache, il y a cinq ans, je pensais déjà à Nexus".

Un peu pour la raison légitime qu'il me fallait acquérir un peu d'expérience de la vie, un peu parce que j'ai toujours eu du mal à me lancer parce que je n'ai jamais l'impression d'être assez bon ou légitime, j'ai beaucoup repoussé le moment de me lancer vraiment activement là-dedans. Ca s'est enclenché enfin depuis deux mois. J'ai enfin bouclé des projets,  j'ai enfin accompli l'action symbolique d'envoyer pour la première fois un texte à une prod. Un petit pas pour l'homme. Un grand pas pour moi.

Avec beaucoup un peu de chance, les cinq prochaines années pourraient raconter une nouvelle histoire...


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