867
L’écriture, c’est comme l’escalade, sinon que le sommet demeure toujours invisible, hors d’atteinte…
*
C’est lorsque le cœur soupire qu’une plume d’ange vient se poser, petite tache blanche sur le rouge vif.
Alors, un soupir agite les parois orchestrées des côtes.
Un grand râle rugit dans les brumes de l’horizon.
Une voile diaphane se dessine entre terre et eau.
La puissance de l’inspir guette les pas du marin.
Il se sait toujours en perdition, aux carrefours des rues sombres où se débattent les pensées hautaines…
Il se penche au bastingage de l’ennui, regarde le léger hâle blanchâtre danser dans la houle…
*
Ecrire, c’est comme approcher d’un port qui sans cesse trouverait le moyen de s’éloigner.
Il demeure visible, mais, comme un mirage, ne se laisse jamais toucher.
*
L’œil regarde la montre, la montre regarde l’œil.
L’esprit derrière crie : « Laisse moi encore une minute, rebrousse le chemin du temps… »
Mais c’est tragique et comique à la fois : il va falloir se hâter lentement vers d’autres horizons.
Là-bas, ceux qui attendent, et nul ne sait ce qui les rend si patients : sourde douleur, vague histoire ou compte à régler avec eux-mêmes, leur haleine fume dans le petit matin morose…
Il faudra bien leur ouvrir la porte de ce qu’ils prennent pour un havre.
Ils se croiront, pour quelques minutes, arrivés quelque part.
Ce ne sera qu’illusion : juste une escale dans ce voyage qui nous fait identique et différents à la fois.
Et que certains nomment la vie…
Manosque, 10 mars 2010
©CopyrightDepot.co 00045567