Serge Bozon livre avec La France un film qui pourra aussi bien diviser que séduire. Et si cette oeuvre, perdue au milieu d'un nombre impressionnant de sorties cinéma , contribuait à pousser notre cinéma national vers le meilleur ?
La critique
Original et tendre : un film de non guerre à découvrir d'urgence
En Automne 1917, en France comme ailleurs, c'est la guerre. Camille (Sylvie Testud) est une jeune femme mariée qui attend avec sagesse le retour de son amoureux. Mais un jour une lettre arrive. Il lui annonce qu'il ne lui écrira plus et que c'est fini. Ne pouvant se résoudre à cette fin inattendue, Camille décide de le retrouver. Mais elle est une femme et les femmes ne peuvent aller en guère. Alors elle se coupe les cheveux et se fait passer pour un jeune homme lorsqu'elle rencontre une bande de soldats en plein milieu de la forêt. D'abord peu motivés à l'accueillir, ils vont finalement céder face à sa détermination. Petit à petit elle va alors découvrir le poids qui pèse sur ces hommes contraints de se battre. Mais quelque chose ne semble pas tourner rond : les batailles n'ont jamais lieu, les habits des soldats sont comme neufs...Camille va finalement découvrir qu'ils sont déserteurs et que leur seul but est de sortir vivant de ce cirque. Y parviendront-ils ? Retrouvera-t-elle la trace de son cher et tendre ?
La guerre en chanté
La France est un film qui nous balade au milieu de la forêt, à la rencontre d'hommes blessés plus moralement que physiquement. Blessé, le coeur de l'héroine l'est aussi face à une vérité trop dure à avaler en ces temps malheureux. Calme, lent, tendre : le long métrage de Serge Bozon ne cherche pas particulièrement à nous en mettre plein la vue et à faire dans le démonstratif. Les interprétations sont toute en retenue...jusqu'à ce que la musique s'en mêle. A priori énième quête initiatique sur fond de guerre, le film trouve un nouveau souffle lorsqu'il ose plonger ses personnages dans des interludes musicales aussi incensées que réjouissantes. Mélangés à de très beaux plans et à une psychologie aux petits oignons, ces moments originaux se révèlent être on ne peut plus jubilatoires. Le réalisateur parvient donc à renouveller le genre du film de guerre, à proposer un point de vue unique en son genre et particulièrement efficace. Reste quelques lenteurs mais peut être sont elles voulues afin d'amener le spectateur à se plonger lui même au coeur de la forêt de la solitude et du doute. La France reste en tout cas un film étonnant et attachant qu'il serait très regrettable de zapper.