Dans leur mission d’enseignement, certains professeurs laissent une large part à l’enthousiasme. Il est enthousiasmant de lire un poème, de faire partager l’émotion d’une lecture, de réaliser une démonstration mathématique, de réussir une expérience, d’expliquer l’origine d’un fait ou d’un événement. Et ce moment d’euphorie illumine les meilleurs des élèves qui témoignent d’une curiosité et d’une pertinence inattendues à leur âge.
Hélas, le triomphe de l’intelligence et de la sensibilité est la plupart du temps terni par la réaction des élèves qui « décrochent » trop vite ou qui, par divers moyens, manifestent leur hostilité ou leur refus. Difficile dans ces conditions de garder le cap et de laisser l’enthousiasme intact ! Alors il faut transiger. Céder à la tentation d’un enseignement plus adapté à la grosse majorité...
La politique du collège unique mise en place à la fin des années soixante-dix partait de l’idée noble entre toutes que la mission de l’enseignement consistait avant tout à donner sa chance à n’importe quel élève. Qu’ils le souhaitent ou non, les plus démotivés doivent rester en classe jusqu’à la fin de la troisième et « subir » la situation.
Passivité chronique, apathie, dilettantisme affiché, impertinence, bouffonnerie, provocation... Autant de comportements face auxquels les professeurs se sentent un peu désarmés. C’est à partir de ce constat désenchanté que le chapitre intitulé « les dix-sept plaies » a été rédigé.