Magazine Culture
Avant la deuxième guerre qui oppose les Etats-Unis à l’Irak, la green zone était un point central pour le régime de Saddam Hussein. Après le début de l’invasion US en 2003, c’est devenu le lieu d’occupation des puissances internationales, et surtout américaines. Le décor est ainsi planté, Greengrass maîtrisant l’affaire- caméra au poing- formidable autant sur le fond que sur la forme. Habitué du ciné politique et intelligent, documenté, documentaire, mais profondément humain et accessible (Bloody Sunday, Vol 93), il dégaine, avec ce film, accusations et remises en question des raisons de la guerre. L’histoire a beau être fictive, elle puise toute sa force dans des magouilles politiques véridiques, où les intérêts de certains pays viennent piétiner tout bon sens, où médias, CIA, hommes politiques, soldats et civils dansent un ballet effroyable, emmêlé, au milieu de fils inextricables, qui mixe intérêt commun et profits personnels. L’invasion de l’Irak et toutes les vérités qu’elle cache sous des prétextes (trouver les armes de destruction massive), est questionnée, tournée dans tous les sens par un réalisateur au regard acéré, qui filme frénétiquement, dans les batailles, au cœur des conflits (belliqueux, humains), avec la rage de ceux qui dénoncent et se battent, qui s’interrogent, enquêtent, se posent les bonnes questions. Contrairement à Démineurs, qui offrait une bonne réflexion dans le fond sur l’absurdité du conflit sans parvenir à s'extraire d'un systématisme trop pesant, Green Zone s’impose en furieuse proposition de cinéma, jamais à bout de souffle ni de mots, toujours au milieu de l’action, ne perdant aucune miette ni des problématiques mises en place, ni du spectacle vivant, accrocheur, efficace qu’il offre, en bonus.