Je signale une note de Patrick Artus que je viens de survoler. Sa conclusion : l'euro n'est pas promis à un bel avenir. Ma conclusion : tant qu'à avoir une monnaie de deuxième rang, autant avoir une monnaie dont on contrôle le taux d'intérêt au sein d'une zone économique cohérente (euh, oui, le Franc...)
La note est titrée "disparition à long terme de l'euro comme monnaie internationale ?".
L'introduction dit tout :
"A long terme (dans 20-30 ans), on peut imaginer qu’il existera trois grands blocs économiques et financiers : l’Asie, l’Europe avec l’euro, la zone dollar avec les Etats Unis et les pays producteurs de pétrole, encore qu’on pourrait admettre aussi que ces pays rejoindraient le bloc asiatique en raison de l’importance de la demande de pétrole en Asie.
Parmi ces trois blocs :
- l’Europe aurait le poids le plus faible dans le commerce mondiale (hors commerce intra-zone),- l’Europe aurait les gains de productivité les plus faibles, donc normalement la devise la plus faible des trois (RMB, dollar, euro) avec des rendements des actifs plus faibles.
Ceci implique normalement que, à cet horizon, l’euro n’aurait pratiquement plus de rôle comme monnaie internationale."
A relier à cette autre note de Patrick Artus : "Zone euro : l’homéopathie ne suffira pas".
"La situation des grands pays de la zone euro est très inquiétante :− désindustrialisation, chute de l’investissement, recul de la production potentielle ;− baisse des revenus salariaux ; chute de la demande due au désendettement ;− pertes de parts de marché ;− concurrence des pays émergents par les coûts de production, les progrès technologiques, les ressources financières ;− déficits publics qu’il faudra réduire ;− perspective d’une forte hausse des prix des matières premières.
Face à cet appauvrissement, les réactions de politique économique sont « homéopathiques » : modifications marginales des impôts, des aides aux entreprises, du soutien à l’innovation…. L’ampleur du problème nécessite des réactions « allopathiques » : réforme radicale de l’Etat, du système fiscal ; des priorités des dépenses publiques ; peut-être politique coordonnée de dépréciation de l’euro ; facilitation du financement à long terme des entreprises."
Si j'applique la leçon de décodage de Léo Strauss, tous les remèdes cités par Artus ci-dessus sont orthodoxes : réforme de l'Etat, du système fiscal, blabla. Rien d'inintéressant mais pas de remède adéquat, suffisant. En revanche, le "peut-être politique coordonnée de dépréciation de l’euro" (le peut-être est délicieux), n'est pas orhodoxe. Si l'on suit Strauss, c'est très clair, c'est donc le seul remède valable selon Artus. Il n'y a qu'une chose à faire, c'est baisser l'euro.
Le chief economist de Natixis ne peut écrire cela, mais je suis à peu près certain qu'il le pense.
Et comme il n'est pas idiot, il sait que c'est impossible : la BCE est présidée par un robot dont le neurone unique est branché sur "2% d'inflation maximum", et il sera remplacé l'an prochain par un clone.
Pour, en plus, ne pas nous décourager, M. Artus vient de sortir une note (la première citée) expliquant que l'euro n'est pas promis au bel avenir qui lui était destiné. Que demander de plus ?
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Pour quiconque sait faire 2+2, le message de M. Artus est donc : il faut une baisse du taux de change urgemment pour relancer l'économie ; s'il faut pour obtenir une telle dévaluation sortir de l'euro, ça en vaut la peine.
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Patrick Artus est facétieux : on peut lire aussi de lui cette note récente "Les raisons pour lesquelles probablement une dépréciation du change est moins efficace que dans le passé pour les pays de l’OCDE". Il y a beaucoup de choses dans ce probablement. Car il est parfaitement conscient de la dangerosité de la surévaluation actuelle de l'euro. Lire à ce sujet "Les effets déflationnistes de la présence d’un objectif de taux de change nominal dans les pays émergents".