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Le genre n'est pas nouveau. L'Histoire comporte bien des zones d'ombre, les hommes aussi. Pain béni pour les romanciers... Voyez Troyat et ses grandes biographies : c'est qu'il les aimait, ses grands Russes. Voyez Maurois, les ouvrages qu'il consacra à Balzac, au père Hugo. Autre exemple, pas moins significatif : l'admirable Marie-Antoinette de Stefan Zweig, justement. Non que l'auteur du Joueur d'échec, d'ailleurs, s'y jouât de la vérité historique, mais la reine y est trop vivante, trop séduisante pour qu'elle ne le doive pas à la passion évidente d'un coeur inspiré davantage qu'au seul bénéfice des sources officielles. Poésie et vérité, pour paraphraser Goethe. On ne chipotera donc pas plus que ça sur le dessein de Laurent Seksik d'évoquer, dans ces pages, les derniers mois de l'existence du célèbre écrivain autrichien qui se donna la mort (en compagnie de Lotte, sa jeune épouse) le 22 février 1922, alors qu'il s'était exilé au Brésil (à Pétropolis) pour fuir la barbarie nazie. Ecrit dans une langue toujours élégante, ce livre (Ed. Flammarion) est aussi un hommage poignant rendu à une des figures les plus éclatantes de la Mitteleuropa.