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Aujourd'hui, devant un auditoire acquis à sa cause, puisqu'il était en uniforme, Sarkozy a déclaré qu'il n'y avait pas de "problème social" derrière les évènements de Viliers le Bel, mais que l'on était en présence d'un phénomène de "voyoucratie".
Nous avons déjà caractérisé ici le gouvernement de l'omniprésident de "ploutocratie". L'histoire nous enseigne que ploutocratie et voyoucratie font bon ménage.
Car qui sont les "voyous"? Il ne s'agit pas évidemment pour nous d'applaudir les desperados qui amènent de l'eau au moulin de Sarkozy en utilisant des armes de fortune contre les policiers.
Mais quels sont les faits?
D'abord, la mort de deux jeunes gens, fauchés de fait par une voiture de police.
Mais pis encore, et le journal le monde s'en est fait l'écho, le fait tout aussi avéré que les policiers ont menti, couverts par l'inspection générale, quand ilsont déclaré que leur voiture avait été endommagée après l'accident par des "voyous", qui, précisément, ne semblent avoir à ce moment existé que dans leur imagination.
On ne va pas se substituer ici à une enquête qui devrait, disons-le, être menée de manière indépendante des gens aux ordres du pouvoir (par exemple par une commission d'enquête constituée autour des élus socialistes de la région). Mais le fait est : il y a mensonge policier, un de plus, couvert jusqu'au sommet de l'Etat, une fois de plus. Et ce qu'ont réclamé ceux qui ont défilé en hommage à une des victimes ce matin n'est rien d'autre que la vérité et la justice.
Mais la vérité, c'est déjà de constater que, tandis Sarkozy nie tout "problème social", les jeunes déférés en urgence devant le tribunal, avec des preuves aussi peu convainquantes que celles employées contre les manifestants anti-CPE de 2006, sont tous de jeunes ouvriers ou employés. C'est la "France Invisible", c'est le prolétariat, et tant pis si le mot est passé de mode. Cela fait un second mensonge.
Et un autre fait, incontestable, est que depuis l'élection de Sarkozy, on constate : des travailleurs sans-papiers qui se jettent par la fenêtre plutôt que d'être arrêtés par la police, des rafles menées au grand jour à la sortie des bouches de métros, des nourissons placés en centre de rétention, et maintenant, partout en france, la Police qui est envoyée sur les campus matraquer les étudiants grévistes, faits sans précédents, du moins depuis Vichy.
Ne sont-ce pas là des méthodes de voyous, de brutes, celles qu'affectionnent les ploutocrates du monde des affaires aux parachutes dorés et qu'ils ont utilisés de tout temps, contre les grévistes, les syndicalistes, les dissidents? Les coups fourrés à la Clearstream, les hommes de paille, les hommes de main?
Sarkozy est arrivé en politique dans le sillage de Chirac et de Pasqua, tous deux aujourd'hui mis en examen.
Alors, inutile d'insister plus, chers lecteurs : s'il y avait une opposition digne de ce nom dans ce pays, elle devrait s'écrier : la "voyoucratie", c'est lui !