L’Islande, en voici un pays dont beaucoup faisaient, il y a encore quelques jours de cela, bien peu de cas. Pays promis aux aficionados de bains bouillonnants tout au plus et qui jouissait difficilement d’un rayonnement international évident. Mais c’était sans compter sur l’imprononçable Eyjafjallajökull.
Je disais donc que cet événement a une fois encore balayé d’un nuage cendré tout ce que l’actualité s’échinait depuis plusieurs jours à nous proposer. La raison de tout cela ? Elle reprend les considérations classiques de l’actualité, faisant de l’inattendu et du démonstratif un fait d’actualité à l’importance croissante.
Cela étant, cet événement possède également une particularité médiatique. Celle d’agir selon le principe de l’effet papillon. Une éruption volcanique se produit en Islande et c’est le monde entier qui se trouve paralysé, tout du monde ralenti. A cela, il ne faut pas s’arrêter à cet unique lien de cause à conséquence, mais également voir comment cela influe tout d’abord sur le trafic aérien, qui rejaillit par écho sur l’ensemble des moyens de transport, qui lui-même influe sur l’économie, s’infiltrant dès lors dans la majorité des interstices de notre quotidien (exemples : l’approvisionnement en nourriture, la distribution du courrier, l’annulation de rencontres sportives, le monde de l’entreprise, la vie politique internationale, la quiétude retrouvée des riverains des aéroports, les départs perturbés en vacances ainsi que de nombreux etc.).
Mais alors, où se placent les médias vis à vis de cet événement ? Plusieurs postures sont possibles. Le rendu in situ et technique de l’éruption, de son évolution ainsi que de son fonctionnement ou prendre l’angle opposé consistant à faire « les chroniques d’une vie PEU ordinaire ».
Car c’est ici que cet événement constitue une manne immense pour les médias, celle de permettre aux médias de diversifier leurs capacités de contenu en accordant parfaitement la nécessité d’informer (rigueur journalistique oblige) avec la prérogative de se rapprocher au maximum du quotidien de nos concitoyens de manière à les intéresser.
Ceci dit, cette seconde posture est un régal pour tous les journaux, qu’ils soient papier, radio en ligne ou télévisés, car ils remplissent allègrement l’espace disponible en humanisant et en créant des héros du quotidien à longueur de temps (exemple : j’ai mis 17 heures de bus pour faire un Paris-Madrid). De fait, ils misent également sur un accroissement patent de l’idée de populisme. Car à chroniquer quotidiennement le ressenti de ceux qui se sentent floués par cette situation, les médias colportent les idées de ceux qui jugent depuis leur vécu quotidien et minimisent parmi la masse les paroles expertes mettant en perspective une situation globale avec des éléments précis d’appréciation.
Mais définitivement, « situation globale », « paroles expertes » et « éléments précis d’appréciation » n’ont toujours pas le vent en poupe en une des médias. Et pendant ce temps, l’Eyjafjallajökull continue son écran de fumée.