Nous sommes en 2010. Et en 2010, comme en juin 2009, c'est sur Twitter que l'on apprend le décès des grands de ce monde. En ce mardi 20 avril, aux alentours de 10H00, il y eu d'abord ce tweet de Damencio, que peu ont d'ailleurs relevé, sur le coup. Un lien vers un article de yoraps.com, annonçant le décès de Guru. On le savait dans le coma depuis plus d'un mois, la nouvelle avait à l'époque enflammé le web.
Et puis vint #larumeur présidentielle, #moundir à la recherche d'une bimbo sous le soleil de Miami, les aventures de #michaelvendetta en Afrique du Sud, un vilain #nuagedecendres , les frasques de plusieurs joueurs de foot de l'#EDF etc, etc. L'état de santé de Guru n'était plus qu'un lointain buzz jusqu'à ce qu'un tweet, tristement prémonitoire, de nos potes de @HaterzFr nous rappelle à son bon souvenir.
C'était hier soir. Guru s'éteignait peut être au moment précis de ce tweet. Ainsi va la vie. Décidément très inspirés ces @HaterzFr, qui me rappelaient aussi ce matin ce qu'a représenté pour moi, profane en matière de real Hip Hop, Keith Elam aka Guru. Via cette citation d'MC Solaar, extraite de son fameux "Les boys bandent" (sur "Paradisiaque", en 1997) :
"Boys, Boys, Boys chantait Sabrina, moi j'écoutais pas, je préférais Step in the Arena"
"Step In The Arena" album culte de Gang Starr. Opus que je ne possède pas, et que je n'ai jamais écouté. Pas plus que Sabrina d'ailleurs. Cette année là, c'est l'album "CooleyHighHarmony" des BoyzIIMen que je me passais en boucle. Comme le grand public, celui qui découvrait les clips en regardant le Top50 de Marc Toesca, c'est justement grâce à MC Solaar que j'ai découvert Guru, avec ce qui restera son plus gros hit Pop chez nous, "Le Bien, Le Mal" :
"Hip Hop non stop plus Jazz pas nase, live, pas samplé dans un disque d'occas'" rappait encore MC Solaar en 1994 sur l'un de ses tous meilleurs morceaux, l'intemporel "Un Ange En Danger". Un titre enregistré pour les besoins de la sublime compilation "Red Hot + Cool : Stolen Moments", qui trône elle, en bonne place dans ma discothèque. Sur le morceau d'ouverture, on retrouvait bien sûr Guru, associé au trompettiste Donald Byrd et au guitariste Ronny Jordan :
Et puis il y eu enfin et surtout, en 2000, un album phare pour la fan de Soul/R&B; que je suis : "Jazzmatazz, Streetsoul", troisième volet d'une série entamée en 1993. Les puristes diront probablement que l'essence même de la compilation s'était évaporée dès le 2e volume, moi, j'y ai trouvé l'album quasi parfait. Le meilleur de la scène Soul/R&B; de l'époque apparait sur ce disque : Donell Jones, Macy Gray, Bilal, The Roots, Pharrell Williams, Jay Dee, Amel Larrieux, Kelis, Erykah Badu et même le phénomène 2Step R&B; de l'époque, un certain Craig David (qui pose sur l'éblouissant "No More").
"Jazzmatazz Streetsoul", c'est aussi la bombe "Keep Your Worries", magistralement interprétée par Angie Stone :
"Jazzmatazz Streetsoul" c'est enfin le bouleversant "Who's There", l'un des plus beaux titres de la discographie de nos chères Nubians, qui confirmaient là leur rayonnement international :
Voilà, 5 titres, c'est si peu pour résumer la carrière d'un artiste qui aura fait dodeliner tant de Hip Hop heads, sur plus de trois décennies. Et comme ce n'est pas ici que l'on en parle le mieux, je vous invite à lire l'hommage d'Arnaud Fraisse et Paul Karam sur CanalStreet, et celui d'Adrian aka @bigad pour Trace TV.