Les chiffres impressionnant des prévisions de déficit cumulé des retraites d'ici 2050 sans recettes nouvelles ont été largement relayés dans la presse ces derniers jours : 2 600 milliards d'euros. Vertigineux bien sûr, les milliards volent au dessus de nos têtes, comme lors du sauvetage du secteur bancaire, et l’on serait tenté d’en rester là : panique à bord…
Comparons maintenant au PIB cumulé sur la même période : de l'ordre de 120 000 milliards d'euros (avec toujours la même hypothèse de croissance modérée à +1.7% par an). Ce déficit cumulé revient donc finalement à 2.2% de PIB cumulé sur la même période. C’est beaucoup, mais relativement, ça fait déjà moins peur. On a peut être le temps d’y réfléchir un peu plus ?
Le dernier rapport du Conseil d'Orientation des Retraites donne dans toutes ses hypothèses (effets de la crise à moyen terme, croissance, taux d'emploi) un besoin de financement annuel du système de retraite de l'ordre de 1.7 à 3% de PIB.
Un autre ordre de grandeur à mettre en relation : depuis les années 60, la part du PIB allant aux salaires (charges sociales incluses – sécurité sociale, cotisations retraites…) a fortement varié dans les 50 dernières années : elle est globalement passée de 62% dans les années 60 à un pic de 67% au début des années 80 pour décroitre dans les années 80 et se stabiliser autour de 58% jusqu'à aujourd'hui.
Le débat actuel organisé par le gouvernement semble écarter systématiquement la possibilité de hausse des cotisations pour ne se concentrer que sur l’âge de départ, la durée de cotisation, et le montant des retraites… Tout serait déjà écrit… Le mouvement inéluctable… La rédaction du Blog d'Isaac est unanime sur le sujet : ne nous prenez pas pour des cornichons !
Allons même plus loin : si la part des salaires et charges sociales dans le PIB est historiquement basse aujourd’hui, il faut garder en tête que la France est un pays riche qui a les moyens d’une politique sociale de haut niveau. Et nous parlons seulement ici de rééquilibrage, pas de révolution… Les progrès technologiques passées, apportant des gains de productivité substantiels, ont souvent été synonymes de chômage pour des profits accrus. Pourtant ils constituent une chance immense de progrès pour les hommes : par la réduction de leur peine, par un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle (réduction du temps de travail), etc...
Mettre ces progrès au service d’une meilleure satisfaction des besoins des hommes à tous les âges de la vie : c’est un choix politique.
df.