J’entends tourner sans trêve
Dans le noir de mon rêve
Un espoir insensé
Et par moi caressé
Comme au creux d’un coussin
Le Chat Baudelairien.
En mon âme vibrante
Du rêve qui le hante
Rugissent de concert,
Evadés du désert,
Lions inassouvis,
Mes désirs asservis
Sorcières aux mains brunes,
Les méchantes rancunes
Sont des tigres en jongles
Qui acèrent leurs ongles
A tous les arbres noirs
De mes mauvais vouloirs.
Mais le sommeil efface
De mes haines la trace
Et le tendre matin
Change bure en satin,
La guêpe en papillon,
Le glas en carillon.
Mon âme épanouie
Boit les pleurs de la Vie.
Comme soleil qui luit
Boit les pleurs de la nuit
Dans le coeur de la rose
Où son baiser se pose.
(Pierre Hory)