Samedi, à l’hôpital Georges Pompidou de Paris, un griot, c’est-à-dire un maître de la parole, s’est éteint. Il s’appelait Sotigui Kouyaté. Il avait 74 printemps. Mornes seront nos jours sans lui. Lui qui fut footballeur. Lui qui fut acteur au cinéma et au théâtre. Il était cette Afrique plurielle : « Je suis Guinéen d'origine, Malien de naissance et Burkinabè d'adoption. Je ne suis passé par aucune école de théâtre, si ce n'est la grande école de la rue, de la vie », avouait-il. Nous le pleurons. Nous le croyons appartenir à la cité de l’immortalité, car, il avait si bien servi les choses de l’esprit ; ô consolation ! nous nous souviendrons de sa silhouette grandissime, de ses magnifiques dreadlocks, de sa bouille superbement christique, de ses prodiges sur les planches notamment avec Mahabharata, Antigone, Le Costume, Hamlet, Tierno Bokar : des œuvres pour lesquelles il eût l’onction amicale et fidèle du dramaturge anglais Peter Brook. Le septième art l’aima, aussi. En 2009, il lui donna l'Ours d'argent du meilleur acteur pour son rôle dans London river. Tu nous manques déjà, Sotigui !
Guillaume Camara